6 mois ferme pour corruption de mineurs

Tribunal correctionnel de bordeaux, 5 ème chambre, 18 janvier 2013

Un pessacais de 30 ans était jugé pour corruption de mineur. Il a écopé de six mois de prison ferme. Il est indéniablement doué. « J’aime le défi informatique. Mais ça s’est mis sur quelque chose de malsain, de voyeur », admet un pessacais de 30 ans, à la barre du tribunal correctionnel de bordeaux qui le juge notamment pour corruption de mineur.

Durant plusieurs années, par le biais d’un blog, mentant sur son âge, le prévenu est entré en contact avec plusieurs adolescentes. Dans le cadre de conversations érotiques, il les incitait à pratiquer des actes sexuels qu’il filmait à leur insu et diffusait sur internet. L’une d’elle, âgée de 15 ans, a porté plainte. Ce n’est pas tout. Au cours de leurs investigations, les gendarmes ont découvert qu’il s’était introduit dans l’ordinateur de sa jeune belle-sœur – en installant un logiciel bloquant l’accès à certains sites pornographiques à la demande de sa mère ! – et qu’il avait, selon le même procédé, capté des images et fait des montages obscènes.

En l’absence de plainte, il n’a pas été poursuivi pour ces faits. « Je n’ai pas réalisé le mal que je pouvais faire », explique-t-il. La détention provisoire et les regards à soutenir à la sortie de prison ont agi comme un électrochoc. Mais la jeune fille qui a porté plainte a payé au prix fort ce moment d’intimité. « J’avais honte » elle est à l’audience, serrée contre sa mère sur le banc de la partie civile. « Un jour, un ami est venu me demander si c’était moi qu’il avait vue sur un site pornographique en train de me faire des choses », explique-t-elle, le rouge aux joues. « Je lui ai demandé le lien. C’était bien moi, ma tête, mes habits, ma chambre. Ça a circulé, ça a fait le buzz. Toute ma ville m’a vue. » la vidéo a fait le tour de son collège. « J’avais honte. » subissant insultes, quolibets, regards, elle a dû partir en internat, loin.

Mais l’« affaire » l’a poursuivie. Parce qu’elle ne voyait pas d’issue, elle a tenté de se suicider. « Depuis, ça s’est calmé. » « Il banalise et minimise », estime me Sylvie Reulet, l’avocate de l’adolescente qui s’est « laissée aller devant la webcam ». « à un âge où on est fragile et où les pièges de l’amour sont aussi numériques. » 1 783 vidéos et photos le vice-procureur Anne-Cécile Dumonteil donne quelques chiffres. 1 783 vidéos et photos à caractère pédopornographique ont été retrouvées dans l’ordinateur du prévenu. Il avait publié sur un site porno au moins 107 vidéos. « Ce ne sont pas des images fictives », gronde la magistrate. « Ce sont de vraies victimes. Et il n’est pas passif derrière son écran, il les guide, leur demande expressément de se déshabiller, de se toucher. » elle requiert quatorze mois de prison dont un an avec sursis et mise à l’épreuve. « il a une attirance malsaine pour la transgression et l’interdit, un sentiment de toute-puissance devant un ordinateur », fait valoir en défense, Me Julien Plouton. « Il ne s’agit pas de vidéos entre jeunes enfants et adultes, ce qui n’est pas la même chose en matière de déviance sexuelle », nuance-t-il.

Il évoque la famille de son client, élevé loin d’un « géniteur froid » et par une mère qui « juge plus urgent de finir sa comptabilité que d’aller le chercher à l’hôpital quand il est victime d’un grave accident de moto ». Sans aller jusqu’à faire le procès de la victime, Me Plouton appelle à la vigilance dans l’utilisation facile et quotidienne de ces chats et autres blogs.

Après en avoir délibéré, le tribunal a condamné son client à 18 mois de prison dont un an avec sursis et à 5 000 euros de dommages et intérêts.


Sud-Ouest 19/01/2013: Gironde : les pièges de l’amour numérique un pessacais de 30 ans était jugé pour corruption de mineur. Il a écopé de six mois de prison ferme.

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