Une affaire de stupéfiants, c’est comme un film de Série B : on retrouve les mêmes ingrédients et le même genre d’histoire, avec des acteurs qui ont toujours l’air de se demander ce qu’ils font dans le box des accusés. Le procès en appel de la «Charente Connection», qui se déroule depuis mercredi à bordeaux, obéit aux mêmes codes.
Tous les protagonistes de ce monumental trafic de cannabis démantelé en 2009 ont adopté le même jeu qu’en première instance: «Je ne savais rien et je suis innocent.» il en est ainsi d’un des intermédiaires du réseau piloté par le «boss», Rachid B, et son bras droit, Ali K.
Ibrahim, condamné en première instance pour blanchiment d’une partie de l’argent du trafic qu’il recyclait en matériel de BTP envoyé en Algérie où b possédait des terrains, ne s’est jamais posé de questions sur l’origine des sommes considérables qui circulaient entre ses mains: jusqu’à 300 000 euros. Se présentant comme «expert en mécanique», il soutient ne pas avoir soupçonné que «Monsieur B» pouvait être trafiquant de drogue.
Assis dans le box, en chemise claire, petites lunettes et cheveux blancs bien brossés, Rachid B a des airs de businessman. À écouter l’avocat général, Pierre Nalbert, rappeler les faits, il avait un vrai talent pour faire fructifier l’argent du trafic dont les ramifications s’étendaient de l’Espagne à la banlieue Bordelaise en passant par Périgueux. «achats de maisons et de terrains en Algérie, de matériel de chantier, jeu sur les taux de change dinar-euro… Les charges sont telles que je me demande comment les prévenus ont pu faire appel», s’exclame Pierre Nalbert qui reste stupéfait devant leur système de défense: «j’aurais compris qu’ils admettent les faits tout en jugeant les peines de première instance trop lourdes. Mais qu’ils poursuivent dans leurs dénégations, avec les mêmes arguments…» l’avocat général n’a pas digéré.
Il a requis la confirmation des peines infligées en première instance: neuf ans ferme pour Rachid B, sept ans ferme pour Ali K. Et des peines inférieures pour quelques seconds couteaux. Ce matin, ce sera au tour de Christophe Cariou-Martin et Julien Plouton, les avocats de Rachid B, de se jeter dans l’arène. Le jugement devrait ensuite être mis en délibéré.
La Charente Libre: Charente connection»: le parquet réclame neuf ans
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