L’audience d’hier a été consacrée à une agression qui remonte à octobre 2011, près de l’étang de Pombonne.
Une chose est sûre. Lundi 17 octobre 2011, deux hommes ont été tabassés sur un parking de l’étang de Pombonne, à Bergerac. Alertés par un habitant qui avait entendu un coup de feu, les policiers les ont trouvés avec du sang sur le visage et des traces de coups sur les mains.
Le récit de leur soirée est éloquent quant à la violence de l’agression. Invités par une mineure en fugue d’un foyer et sa copine à les rejoindre, les deux garçons, venus de Libourne (33), les ont retrouvées à la gare de Bergerac. Elles ont suggéré un lieu discret pour la soirée, qui s’annonçait agréable. Mais à peine arrivés sur place, vers 20 heures, une bande a surgi.
Portables et accusations
« Ils étaient au moins sept, encagoulés. Ils m’ont frappé avec des battes de baseball, tiré par les pieds hors du véhicule. L’un a menacé de me mettre une bombe lacrymogène dans le c… Terrifié, j’ai fait le mort. L’autre m’a mis un revolver sur la tempe, puis j’ai entendu un coup de feu. Ils ont fini par partir », raconte celui qui conduisait la voiture. L’autre victime a été à peine moins maltraitée. Dès le début de l’agression, les deux filles se sont enfuies dans les bois, puis se sont réfugiées chez une copine à Bergerac.
Une analyse des communications téléphoniques des portables permet d’identifier quelques participants, notamment la mineure. Longtemps muette devant les enquêteurs, elle finit par lâcher sept noms d’habitants de Sainte-Foy-la-Grande (33), vivant tous dans le même quartier. Parmi eux, Mourad, dont elle était amoureuse, mais qui aurait vite mis fin à leur flirt en raison de son jeune âge.
Interpellés en mars 2012, soit cinq mois après les faits, cinq des sept hommes comparaissaient hier. Ils ont toujours nié leur participation et leur présence à Bergerac. Ils ont eu la même ligne de défense hier à la barre du tribunal.
Les victimes étaient absentes. « Par peur », a assuré leur représentant, Me B., qui demandait pour chacune 5 000 euros de dommages et intérêts.
Pour le ministère public, outre les déclarations de la jeune fille et des échanges téléphoniques avérés, les dénégations catégoriques des cinq hommes convergent pour établir leur culpabilité : « À tout nier, ils s’empêtrent dans leurs contradictions. »
Les réquisitions seront sévères, allant jusqu’à quatre ans ferme pour Mourad, qui a de sérieux antécédents. Pour trois autres, les peines réclamées vont d’un à deux ans, allongées de sursis. Tous ont passé une dizaine de mois en détention provisoire et sont depuis sous contrôle judiciaire.
Les cinq avocats de la défense, dont Me G., ont souligné qu’aucune preuve de leur culpabilité n’était apportée. « Tout repose sur les déclarations d’une jeune mythomane qui a dit tout et son contraire. »
Me G., qui défend le frère de Mourad, a balayé d’emblée le mobile peu crédible d’une vengeance amoureuse pour évoquer la piste plus vraisemblable d’un litige portant sur un trafic de stupéfiants. « La principale victime n’était pas une oie blanche dans ce domaine », disait-il en brandissant son casier judiciaire.
Son confrère Me Plouton a enfoncé le clou. Tous ont demandé la relaxe de leurs clients, affirmant qu’ils n’étaient pas les auteurs de l’agression.
Le tribunal s’est donné un délai avant de rendre sa décision.
Sud-ouest 26/11/2014- Tribunal de Bergerac : un guet-apens aux motivations obscures
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