Tribunal correctionnel de bordeaux, jirs, 11 au 19 mars 2013
32 roumains sont jugés pour des dizaines de vols dans des camions sur des aires d’autoroutes françaises depuis hier et jusqu’à mardi prochain à bordeaux, devant la juridiction interrégionale spécialisée.
Ils sont poursuivis dans le cadre d’une enquête de dimension européenne qui a conduit au démantèlement d’un réseau spécialisé dans le vol de fret dans des camions bâchés stationnés sur les aires d’autoroute.
Les voleurs interviennent de nuit, lorsque les chauffeurs se reposent. Ils découpent discrètement la bâche du poids lourd et s’emparent en un rien de temps de tout ou partie du chargement, aussitôt transféré dans un autre véhicule, du simple fourgon au camion de 12 tonnes, qui prend immédiatement la route vers l’allemagne ou la hongrie.
Les gendarmes, très présents sur le réseau autoroutier français, sont en pointe dans la lutte contre ce type de délinquance. Ce sont ceux de la brigade des recherches de tulle, en corrèze, avec l’appui de la section des recherches de limoges, qui, en deux temps, dans la nuit du 17 janvier 2010 puis le 1er juillet 2010, ont interpellé des groupes de pilleurs de l’autoroute le long de l’a 89.
Les auditions des personnes interpellées, l’exploitation des téléphones portables, l’accumulation puis la comparaison de traces adn ont notamment permis de faire apparaître au grand jour un solide réseau très structuré, basé en roumanie. Plus précisément dans la région montagneuse du maramures, dans le nord-est du pays.
« dans cette région plutôt déshéritée sont recrutés, selon la police roumaine, les hommes appelés à jouer un rôle dans le réseau », a souligné marie-élisabeth bancal, qui préside l’audience. « alors que le salaire mensuel moyen en roumanie s’établi à 130 euros, ceux qui participent à ces vols peuvent gagner jusqu’à 3 000 euros. »
Et la magistrate de citer un des prévenus, qui a reconnu devant les enquêteurs sa participation aux vols : « une fois que tu es rentré dans le jeu, il faut jouer jusqu’au bout. En roumanie, je n’avais pas un sou. Après être venu en france, on m’a donné plein d’argent. »
La collaboration entre les justices française, allemande, roumaine, néerlandaise et hongroise, dans le cadre d’eurojust, avait permis de mettre en place un vaste coup de filet lancé au même moment dans cinq pays, le 5 avril 2011. 13 des 31 prévenus jugés à bordeaux ont été interpellés ce jour-là. 25 tonnes de marchandises avaient été saisies dans une ferme isolée, au sud de paris.
Maître julien plouton qui défend 5 des prévenus dont l’un présenté comme le principal financier de l’organisation précise que si l’enquête permis de mettre en évidence l’existence d’un réseau structuré, avec ses différentes équipes, toutes composées de conducteurs qui ouvrent la route en voiture, de guetteurs qui repèrent les camions et interceptent les marchandises, de chauffeurs routiers qui se tiennent à proximité et embarquent le butin, l’organigramme retenu par les enquêteurs reste discuté et le rôle de certains des prévenus a déterminer. Les camions de ce réseau partaient d’abord vers l’allemagne, où le fruit des vols (télévisions, matériel informatique, parfums et autres produits à forte valeur ajoutée) était réparti vers différentes destinations, essentiellement en roumanie et en hongrie, pour être vendu. Des dizaines de vols sur de nombreuses aires d’autoroutes, notamment dans l’est et le centre de la france, leur sont imputés. La valeur du butin saisi au cours de l’enquête a été évaluée à 3 millions d’euros.
Pendant toute cette semaine, les juges bordelais vont tenter d’y voir plus clair dans les responsabilités de chacun des prévenus poursuivis, a minima, pour vols en bande organisée et association de malfaiteurs.
Sud-Ouest : 12/03/2013 – Coup de filet sur un réseau spécialisé dans le vol de fret
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