Cour d’assises de la Gironde: Meurtre place de la Victoire à Bordeaux

Cour d’assises 11 mars 2009

Le parquet général avait requis douze ans de prison à l’encontre de christophe hippolyte pour le meurtre de jean-denis cory en 2006 à bordeaux. La cour est allée au-delà. Cinq coups de poignard marocain dont un a transpercé le coeur de la victime, jean-denis cory, un martiniquais de 36 ans. C’est une des certitudes du procès pour meurtre qui s’est achevé, hier après-midi, devant la cour d’assises de la gironde, laissant toutefois un certain nombre de questions sans réponse précise.

L’accusé, christophe hippolyte, un autre martiniquais de 28 ans, a été condamné à quinze ans de réclusion criminelle. Par décision spéciale, la cour a décidé de confisquer les armes saisies retrouvées sur les lieux de la rixe mortelle, rue de candale (le poignard, une dague) ou chez lui (trois sabres japonais). Trafic de stupéfiants des témoignages contradictoires (« des faux témoignages » disent les avocats de la défense) ont compliqué la tâche de la justice. On sait qu’une première altercation a éclaté vers 17 h 20, en présence d’une quinzaine d’antillais, ce 19 mai 2006. Christophe hippolyte, un solide gaillard affichant 1,86 m à la toise, est accusé par l’un d’eux d’avoir dérobé un téléphone portable. Il s’en défend puis s’en va. Il revient un moment plus tard après s’être rendu au domicile de sa maîtresse, où se trouvent ses affaires.

Les enquêteurs ont pensé un temps qu’il avait pu aller chercher une arme, peut-être la fameuse dague retrouvée sur place, mais le martiniquais l’a toujours contesté. Rien n’a été prouvé. Et le juge d’instruction n’a pas retenu cet élément. Christophe hippolyte revient donc rue de candale. La dispute se poursuit avec jean-denis cory. Les deux hommes se sont rencontrés en martinique et ont eu un différend en 2005, alors qu’ils étaient interpellés ensemble dans une affaire de trafic de stupéfiants. L’un et l’autre sont connus de la justice. Fourchette à poulet ils se battent. Jean-denis cory, qui est ivre, blesse christophe hippolyte à l’arcade sourcilière avec un tesson de bouteille ramassé près d’une poubelle. Il le menace avec une fourchette à poulet prise dans la cuisine du restaurant le chicken station, situé dans la même rue.

Selon les avocats de la défense, mes julien plouton et servan kerdoncuff, certains membres du groupe sont armés (une batte de base-ball, un couteau, un antivol rigide) et hostiles à hippolyte. L’accusé aurait été entraîné dans le restaurant et c’est à l’intérieur de l’établissement qu’il aurait porté les coups de couteau à jean-denis cory. Lequel est décédé vers 19 h 30 sur le trottoir de la rue de candale. Poignardé. La victime était-elle armée du pique à poulet au moment des faits ? Pas sûr. Qui était alors présent ? On ne sait pas précisément. Christophe hippolyte n’a pas tenté de s’enfuir. Il a toujours reconnu avoir été l’auteur de ces coups. Mais il a invoqué la légitime défense, thèse largement reprise par ses avocats hier, lesquels ont plaidé avec conviction l’acquittement de leur client. En vain. Celui-ci précise qu’il transportait le poignard marocain, orné d’une tête de cheval dans son sac banane, comme à son habitude. Et qu’il a sorti au dernier moment. Intention de tuer pour la partie civile, représentée par me béatrice ceccaldi, le martiniquais était bien animé par une intention homicide.

Il est bien un meurtrier qui ne s’est pas contenté de se défendre. C’est également l’avis de l’avocat général. Patrick sassoust a requis douze ans de réclusion criminelle, assortis d’un suivi sociojudiciaire dont il n’a pas précisé la durée à l’encontre du futur condamné. Le représentant du ministère public, est revenu sur la personnalité de l’accusé, sur les sept condamnations déjà inscrites à son casier judiciaire, notamment une peine pour des violences avec arme, prononcée aux antilles. Selon lui, christophe hippolyte n’est pas « un enfant de choeur. Il s’agit d’un délinquant d’habitude, potentiellement dangereux. » impliqué dès l’adolescence dans le deal de cannabis, en martinique, le condamné aurait consommé des produits stupéfiants dès l’âge de onze ans. Maltraité par un beau-père violent, il n’a guère connu son propre géniteur et cache derrière une virilité affirmée, une grande fragilité. En 2006, il suivait une formation pour travailler dans le bâtiment. Arrivé à bordeaux en 2005, avec sa compagne, christophe hippolyte est aujourd’hui papa d’une petite fille de trois ans née alors qu’il se trouvait en détention préventive. Hier soir, il est retourné en prison pour longtemps.

Source: sud ouest jeudi 12 mars 2009

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