Incendie criminel à AUNAY SOUS CRECY(28) : Maitre Plouton intervient en Partie civile pour le fils ainé de la victime et son épouse dans cette affaire d’assassinat

Cour d’Assises D’Eure et Loire, Tribunal Judicaire de Chartres, 8 au 11 Décembre 2020

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Être avocat c’est d’abord porter la parole de celles et ceux que l’on défend.

Porter la robe c’est aussi l’école permanente de l’humilité.

Humilité pour l’avocat de la défense face à l’enjeu du procès criminel pour l’homme ou la femme qu’il défend et dont le destin a souvent déjà basculé depuis de nombreux mois à la suite de l’acte commis ou d’une détention provisoire écrasante.

Humilité pour l’avocat de la partie civile face à la détresse de ses clients et bien souvent également face à leur dignité.

Les mots adressés à la Cour et aux jurés d’assises peuvent paraître parfois bien dérisoires face à la spontanéité et à la justesse de ceux prononcés dans le cadre du procès par nos clients à l’attention de l’accusé qui dans ce dossier était leur propre père.

Un homme jugé pour l’assassinat de son épouse atteinte de sclérose en plaques et qui à l’époque des faits ne se déplaçait plus qu’en fauteuil roulant.

Une femme entourée de l’attention de ses enfants, toujours attachée à la vie et dont le cœur se réjouissait des instants de bonheur partagés avec ses petits-enfants.

Son corps sera retrouvé dans sa cuisine, calciné, fondu et mêlé aux restes de son fauteuil roulant.

Pour les enquêteurs et les pompiers qui interviendront les premiers sur les lieux des faits, dès le départ, la piste criminelle ne fait aucun doute.

Ces convictions seront vite renforcées par le médecin légiste dont le rapport d’autopsie mettra en évidence des traces de strangulation ainsi qu’une fracture de la grande corne thyroïdienne.

L’incendie qui causera in fine la mort de la victime avait manifestement pour but de masquer ces premiers actes criminels.

La véritable question dans le cadre de ce procès n’était pas tant de déterminer si l’accusé était coupable ou innocent mais plutôt de tenter de comprendre quel avait été son mobile et les circonstances du passage à l’acte.

Au fil de cette affaire, ce sont les années de vie du couple qui défilent.

Une vie paisible et tranquille ponctuée par la naissance puis le départ du foyer des 5 enfants.

Un équilibre bouleversé par l’apparition de la maladie chez cette femme au foyer dont l’univers tourne autour de ses fils et de ses filles et un mari aux valeurs traditionnelles, près de ses sous, qui tient son rôle mais se coupe peu à peu des siens et se renferme derrière sa passion du bricolage et les quelques confidences partagées avec un vieil ami originaire du même village, au Maroc.

L’envie d’un retour au pays natal pour y profiter enfin d’une vie de dur labeur, envie contrariée par la maladie de l’épouse qui impose une présence régulière en France pour les soins, a-t-elle été la cause du passage à l’acte ?

L’existence suspectée d’une jeune maîtresse au Maroc a-t-elle eu un rôle dans le basculement criminel ?

Ces questions posées à l’audience par les enfants du couple qui sont aujourd’hui des hommes et des femmes et pour certains d’entre eux des pères et des mères, se sont heurtées à un mur de silence.

Un silence froid et lisse de la part d’un homme dont les experts ont pu dire que son enfance carencée l’avait privé de toute capacité d’empathie.

Tout au long de ce procès, l’accusé fuira sans cesse les questions qui lui seront posées, se figera dans 1 déni abrupt  y compris face aux évidences et aux preuves rapportés par l’enquête, entraînant la cour et les jurés dans une ronde folle et vertigineuse autour des faits.

C’est ce même silence, qui rajoute à la souffrance de ses enfants et le coupe encore un peu plus des siens, qui a enveloppé la salle d’audience lorsque le verdict de 25 années de réclusion criminelle a été prononcé à son encontre.

L’accusé n’a pas fait appel de cette condamnation.

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