Onze prévenus étaient jugés hier pour un trafic de drogue datant de plus de quatre ans.
Tribunal correctionnel de bordeaux, 5eme chambre, 18 octobre 2013
Le temps a passé, les a sevrés. Changés aussi. Les jeunes d’alors, fumeurs de joints quotidiens, négligés, oisifs, magouilleurs, immatures, sans d’autre avenir que les gains faciles de la délinquance, ont fait place à des hommes responsables.
Onze prévenus étaient jugés hier par le tribunal correctionnel de bordeaux pour leur implication, à des degrés divers, dans un trafic de résine de cannabis – de cocaïne pour l’un d’eux – qui aurait prospéré entre 2007 et 2009.
L’argent dans la console
C’est à partir d’un renseignement que les gendarmes d’Eysines avaient débuté une enquête en 2008. Des dizaines d’heures d’écoute, de surveillances et d’investigations plus tard, c’est un trafic de drogue entre Eysines et le quartier de grand parc à bordeaux qui avait été démantelé et s’était soldé par une vague d’interpellations en septembre 2009. En perquisition, de la résine de cannabis avait été découverte, ainsi que de l’argent, parfois bien caché, comme dans le manuel d’utilisation d’une console de jeu.
C’était il y a quatre ans. Aujourd’hui, ils sont mariés ou en concubinage, ont des enfants en bas âge, ont trouvé un travail, la plupart en cdi, comme artisan maçon, cariste, logisticien, responsable d’équipe, manutentionnaire, travailleur social, vendeur de voitures.
Et ils ne consomment plus de drogue. « J’ai eu plusieurs contrôles au ‘‘ shitotest ’’ », fait valoir un dealer d’autrefois devenu chauffeur livreur. La chose est suffisamment rare pour être soulignée : ils ne font pas de difficulté, à la barre, pour reconnaître leurs achats et revente de produit. À part l’un d’eux, condamné en 2007 pour des infractions à la législation sur les stupéfiants, défendu par me Sandrine Joinau-Dumail et désigné comme un des fournisseurs.
Au fond de la salle, attendent de gros sacs plastiques remplis d’affaires de ceux qui savent qu’ils peuvent très bien être incarcérés à l’issue de l’audience. Mais le vice-procureur Sophie L’Angevin ne requiert aucun mandat de dépôt. Forcée de constater que les faits sont anciens, que les prévenus ont adopté une hygiène de vie et se sont, pour la plupart, racheté une conduite, la magistrate demande des peines allant des jours amendes à 18 mois de prison ferme.
Pour nombre de prévenus, le placement en garde à vue, voir en détention provisoire a été « un coup de semonce », explique Me Julien Plouton. La « version 2013 » de son client n’a rien à voir avec celle de 2009. « Il a pris conscience que, quand on a besoin d’argent pour vivre au quotidien, vendre de la drogue n’est pas la meilleure solution ».
« Ils viennent de quartiers où ils n’ont pas forcément le bon entourage, ni les bons conseils et où vendre de la drogue donne droit à une forme de reconnaissance sociale », avance un autre avocat de la défense. Tous demandent l’absolution du tribunal.
Source: sud-ouest
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