Les braqueurs présumés blanchis

Bordeaux, 4 avril 2012

La justice croyait tenir les agresseurs de la femme et de la fille du poissonnier. Ils ont bénéficié d’un non-lieu.

 La justice croyait tenir les coupables, mais faute d’éléments probants, vient de renoncer à les poursuivre. Le 2 mars 2011, vers 14 h 40, Stéphanie L, l’épouse du poissonnier bien connu de la presqu’île du cap-ferret et leur fille avaient été dérangées, menacées avec un pistolet d’alarme dont un coup a été tiré, séquestrées, ligotées et plaquées au sol à leur domicile ferret-capien.

Le couple d’inconnus qui s’était fait ouvrir la porte en toute confiance et trois comparses arrivés à la rescousse avaient ainsi eu le temps de dérober le coffre-fort renfermant la recette des commerces du Cap-Ferret et de Mérignac. Butin estimé : près de 20 000 euros. Le véhicule de la fille L, volé pour assurer la fuite des braqueurs, avait été retrouvé moins de deux heures plus tard au Porge. Carbonisé.

L’enquête de la section recherches de Bordeaux-Bouliac a démarré avec peu d’éléments si ce n’est une description physique et comportementale assez précise de la femme au fort accent slave qui a frappé à la porte ce jour-là. Le témoignage d’un commerçant Bordelais qui, le 4 mars a signalé avoir été suivi par une voiture dont il a donné l’immatriculation a fini de les mettre sur la piste d’une Serbe de 30 ans dont ils se sont mis à suivre les faits et gestes.

Leurs investigations ont clairement fait apparaître que la jeune femme et son compagnon âgé de 36 ans, participaient à des repérages nocturnes et diurnes dans des zones pavillonnaires et aux abords de zones d’activités. Seuls les commerçants semblaient ciblés et de longues surveillances étaient organisées pour connaître les habitudes des futures victimes et observer le voisinage. Aguerri, le couple, qui était rejoint pendant les cambriolages par trois autres serbes contre lesquels un mandat d’arrêt court toujours, a été arrêté, mis en examen et écroué en juin 2010.

Renvoyés devant le tribunal la femme a été reconnue lors d’un tapissage. « Et pour cause, on avait montré sa photo quelques jours avant à la victime qui par la suite était beaucoup moins formelle », explique Me Julien Plouton, l’avocat de la Serbe. Sa cliente et son compagnon admettent effectivement avoir plus ou moins activement participé à des cambriolages mais nient farouchement être un jour, allés chez la famille L.

« Les enquêteurs sont partis bille en tête sur ce groupe », déplore Me Julien Plouton, avocat de la femme Serbe. « mais il y a beaucoup de choses qui ne collaient pas. Et dans le mode opératoire et dans le rayon d’action ». Les surveillances des gendarmes ont en effet, attesté de vols commis rive droite et dans le Libournais, jamais sur le bassin. Les cambriolages étaient commis en l’absence des occupants, donc sans violence. « je me félicite de l’impartialité de la juge d’instruction qui a relevé à juste titre qu’il n’y avait pas de charges suffisantes pour les impliquer dans ce violent cambriolage du 2 mars 2011 » conclu Maître Plouton.

Le couple échappe donc à la cour d’assises pour le vol en bande organisée avec arme, la séquestration ou détention arbitraire de Stéphanie L et sa fille et pour la participation à une association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un crime.

Les juges d’instruction chargées du dossier viennent de rendre une ordonnance de non-lieu partiel. Partiel car le fonctionnement observé lors des surveillances en matière d’identification de cibles, de filatures, de repérages ainsi que la mise en pratique constatée vaudront bien aux auteurs une prochaine comparution devant le tribunal correctionnel de Bordeaux. En attendant, l’énigme du cas L n’est toujours pas résolue.


Sud-Ouest: Poissonnerie du cap ferret : les braqueurs présumés blanchis

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