Mensonges et proxénétisme

Sud-Ouest: Proxénétisme à bordeaux : le bal des mensonges

Le procès de deux jeunes nigérianes pour proxénétisme aggravé occupe le tribunal correctionnel depuis hier. À l’été 2009 à bordeaux, une prostituée avait osé bravé la loi du silence. «c’est beau l’amour », soupire pseudo-béatement le président couhé, avant que le procès ne vire à l’ubuesque. Le juge ne semble pas croire un mot des explications fournies par deux nigérianes à la barre de la chambre de la juridiction interrégionale spécialisée du tribunal correctionnel de bordeaux.

Mauvais sort elles sont prévenues d’avoir « par aide et assistance » tiré profit de la prostitution de plusieurs concitoyennes et de les avoir incitées à se prostituer dès leur arrivée en france. Du proxénétisme aggravé.

À l’été 2009 à bordeaux, une prostituée avait osé braver la loi du silence. Elle avait indiqué à des policiers dans quelles conditions elle était arrivée en france. En démontant tout un système. Les filles rêvant d’une vie meilleure, envoyées depuis l’afrique, payant un « trolley », surnom du passeur et prises en charge par un « sponsor » qui les met sur le trottoir pour qu’elles remboursent les frais engagés. Et qui, souvent, les tient en inventant un mauvais sort soi-disant jeté sur ces jeunes femmes culturellement très attachées à ces croyances.

Discrètement, le témoin avait mené les enquêteurs sur la piste d’haïti, surnom donné à une nigériane aujourd’hui âgée de 24 ans. Planques et surveillances avaient permis d’établir la présence récurrente d’haïti dans un appartement d’où entraient et sortaient de nombreuses jeunes femmes.

Le 26 janvier 2010, ils avaient interpellé it, celui qu’elle dit être son compagnon, ainsi que quatre prostituées à une première adresse et trois à une seconde.

En anglais dans le texte

Cheveux enroulés dans une écharpe, blouson cintré des poches duquel elle peine à retirer ses mains, jupe courte, it prétend être femme de ménage pour sa sœur en italie. La jeune femme s’accroche à la barre comme à une bouée. Car elle se noie dans ses déclarations, fidèlement traduites par l’interprète anglophone.

Ce qu’elle faisait à bordeaux ? Une fois par mois, elle venait d’italie voir son petit ami… parisien. Sa présence ce jour-là dans l’appartement ? Elle était venue pour les fêtes de noël mais ne connaissait pas les filles. Les 680 euros trouvés dans son sac ? Un cadeau de sa sœur pour son séjour en france. Sa présence attestée par des photographies les 10, 16 et 24 septembre devant l’appartement qui fait penser qu’elle venait toute les semaines chercher l’argent de la prostitution ? À chaque question dérangeante, elle répond invariablement : « je ne sais pas ».

« donc vous aviez des rendez-vous amoureux mensuels avec votre petit ami parisien dans un appartement servant de logement à des prostituées. Ce n’est pas très intime », résume ironiquement la juge dominique piot. « il y a peut-être une habitude de vie collective au nigéria », avance me julien plouton, l’avocat d’it.

Le vice-procureur denis chausserie laprée prévient. Il n’a pas une grande tolérance pour « ceux qui font tout pour égarer la justice ». Ses réquisitions s’en ressentiront. « le bal, le festival des mensonges », résume le président quand s’avance fina, ancienne prostituée de 34 ans, femme de ménage dans un… hôtel, vaillamment épaulée par me sandrine joinau-dumail.

Installée à paris, elle assure que l’argent qu’elle réclame fréquemment et de façon insistante au téléphone à une prostituée de bordeaux – des écoutes en attestent – concerne un loyer impayé et non de proxénétisme. Que quand elle demande « comment ça va l’école », elle parle de cours de français, pas du trottoir. Et quand son interlocutrice lui répond que la police est venue, les a arrêtées puis libérées, elle n’a pas pensé qu’on lui parlait de prostitution. Le procès reprend aujourd’hui.

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