Dans cette affaire, le cabinet est en charge de la défense de 3 prévenus et d’une partie civile.
Depuis hier et jusqu’à jeudi, une vingtaine de prévenus comparaissent devant la chambre de la Juridiction interrégionale spécialisée (Jirs) du tribunal correctionnel de Bordeaux pour répondre de « proxénétisme aggravé, traite des êtres humains en bande organisée, participation à une association de malfaiteurs et blanchiment ». Cinq d’entre eux, dont deux femmes, sont détenus.
L’affaire a vu le jour au printemps 2012. Les enquêteurs de la brigade de répression du proxénétisme de la Direction interrégionale de la police judiciaire (DIPJ) apprennent qu’un Nigérian, Martins E., se rend régulièrement à Bordeaux, depuis Paris, pour récupérer de l’argent provenant de la prostitution de jeunes femmes de son pays. Argent qu’il transfère ensuite clandestinement vers le Nigéria, selon la méthode du Hawala, dont le principe est de faire circuler les sommes dans un réseau d’agents de change. Lui recrute des convoyeurs sur des vols via le Maroc, la Tunisie ou l’Algérie ou transfère l’argent directement par virements. Les investigations permettent très vite de découvrir que cet homme est également en relation avec des prostituées et des proxénètes à Strasbourg, Lille, Paris, Poitiers et Nice.
Prostituées devenues mamas
Les enquêteurs de la police judiciaire bordelaise, qui travaillent en étroite collaboration avec l’Office central pour la répression de la traite des êtres humains, identifient après de longs mois d’investigation des femmes et des hommes proxénètes. Parmi ces femmes, on trouve d’anciennes prostituées devenues « mamas ».
Hier, la présidente du tribunal, Anne-Marie V., a interrogé les principaux protagonistes du dossier et a rappelé à Martins E. qu’il s’était montré menaçant envers certaines filles. « Ces jeunes filles n’avaient-elles pas conscience de leur destination et de ce qu’elles allaient faire ?, interroge Me Alexandre Novion, avocat de l’un des organisateurs du réseau. Elles partent toutes de Bénin-City où des mamas ont réussi. Elles rêvent d’un pareil destin en venant en France pour revenir ensuite dans leur région natale. »
Sud-ouest 04/11/2014 – prostitution à bordeaux : un réseau nigérian au tribunal
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