Prostitutions de jeunes brésiliennes

Tribunal correctionnel de Bordeaux, 5eme chambre, 4 décembre 2012

Trois ans de prison ferme ont été prononcés contre des proxénètes qui organisaient la prostitution de jeunes brésiliennes dans des hôtels.

«C’est une idée de ma femme. » en adoptant ce système de défense, Pedro Carlos V n’a pas obtenu la clémence du tribunal qui le jugeait mardi pour proxénétisme aggravé.

Tout un réseau, lié à la prostitution de jeunes brésiliennes dans des hôtels et appart hôtels de Bordeaux-Lac et Mérignac, était en fait appelé à la barre. Il y avait là les « gros bonnets », Pedro Carlos V et sa compagne Ivana Oliveira Dos S, brésiliens installés en Espagne, qui recrutaient les prostituées, les véhiculaient jusqu’à Bordeaux où elles restaient trois semaines avant de repartir se « reposer » en Espagne, et en tiraient profit.

Il y avait aussi la « gouvernante », ancienne prostituée, pleine de ressentiment, qui assurait l’intendance et la prise de rendez-vous d’après des annonces passées sur internet, ainsi que des « mamans », prostituées devenues proxénètes en recrutant à leur tour.

Enfin, il y avait des « pigeons », clients tombés sous le charme de prostituées, qui ont prêté leur nom pour réserver des chambres, ou offert des cadeaux. « C’est classique », a commenté le président Alain Reynal. « Le client tombe amoureux de la prostituée et veut la sortir de là. »

Face aux prévenus qui jouaient les candides à tour de rôle, la représentante du Ministère Public, Solène Mothyl, a recadré les débats. « La prostitution indépendante est une illusion. Nous parlons bien de réseau, de traite des êtres humains. » il s’agit là de treize jeunes femmes, sorties de leurs quartiers défavorisés du Brésil, pour se prostituer en Espagne, puis en France.

Sans papiers, sans famille. Sans violence, mais avec une pression financière énorme. « Le couple est gentil avec elles », a concédé la magistrate qui a évoqué un syndrome de Stockholm. « Coupées de leur environnement familial, elles retrouvent un peu des parents de substitution », contre lesquels elle a requis quatre ans dont trois ferme, dix ans d’interdiction de séjour en France et un maintien en détention.

Elle n’était pas d’accord avec les clients-prévenus qui plaidaient leur bonne foi. « Leur rôle n’est pas marginal mais essentiel. Sans ce relais, le réseau n’aurait pas pu se développer. Tous parlent d’amour, mais c’est du sexe. » Elle a demandé une peine de sursis et d’amende.

Le client proxénète

Me Julien Plouton qui défendait un des prévenus tombés sous le charme d’une brésilienne qui a fourni son identité pour réserver des chambres a demandé l’indulgence du tribunal et déploré que les réquisitions reposent sur une appréciation morale tout en rappelant la détresse sentimentale de son client.

Ce dernier était poursuivi pour blanchiment d’argent et proxénétisme par aide ou assistance. « Il n’est que le client d’une prostituée. Mais parce qu’il a donné son nom, le client devient le proxénète de la prostituée ? C’est ubuesque » tonne Maître Plouton. Après en avoir délibéré, le tribunal a condamné le couple à trois ans de prison ferme, la « gouvernante » à deux ans dont huit mois ferme.

Quant à l’homme défendu par Maître Plouton, ce dernier a été relaxé des faits de blanchiment et condamné pour le surplus à trois mois de prison avec sursis.

Sud-Ouest 06/12/2012: Avocat bordeaux : un couple organisait la prostitution de jeunes brésiliennes


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