L’intention de tuer a été écartée, pas les violences avec arme et leurs conséquences.
Jugée durant trois jours pour tentative de meurtre, Antoinette O. a été condamnée, hier, pour violences volontaires avec arme et en réunion. Au terme de plus de cinq heures de délibérations, la cour d’assises de la gironde a donc rendu son verdict et, au passage, requalifié les faits de crime en délit. La mère de famille qui avait tiré à deux reprises sur ordre de sa fille sur un fourgon qui n’était pas le bon, atteignant le conducteur au visage (lire nos éditions précédentes), a écopé de cinq ans de prison dont un avec sursis et mise à l’épreuve. Autrement dit, quatre ans ferme.
« Le monopole de la vérité » la veille, l’avocate générale Dominique Hoflack avait quant à elle retenu une intention homicide chez Antoinette O. et requis dix ans de réclusion. Hier, Me Julien Plouton, avocat de la nièce qui avait jeté le fusil dans la Garonne et a été condamnée à six mois de prison avec sursis, a préparé le terrain pour ses confrères. Assurant que le ministère public n’avait pas « le monopole de la vérité », décrivant sa cliente « au rôle périphérique » comme « atteinte du syndrome du vilain petit canard ». Un « petit oisillon tombé du nid qui a trouvé refuge sous les ailes et les plumes d’une mère poule » pour laquelle elle ferait tout. Même jeter l’arme du crime ou s’accuser. Pour les conseils d’Antoinette O., « l’accusation repose sur des attitudes, pas des certitudes », a plaidé Marine Saurat, élève avocate.
Me Christophe Cariou-Martin a ainsi entraîné la cour et les jurés à sa suite, s’énervant que, dans ce procès, « ce n’est pas la fin qui justifie les moyens mais les moyens qui justifient la fin ». L’équation « un coup de feu + un blessé = une tentative d’homicide » ne lui convient pas. « tous les accidents de chasse ne finissent pas aux assises. Toutes les morts, aussi injustes et absurdes soient-elles, non plus. Et là, il n’y a pas mort d’homme. On ne vous a rien démontré, sauf qu’il y a une arme et un blessé », s’est-il enflammé. Conscient du caractère de sa cliente « qui aime à outrance, est malheureuse à outrance, a exagérément le sentiment du devoir accompli en ayant défendu sa fille en tirant pour faire peur », l’avocat a demandé la requalification des faits et marchandé le quantum de la peine. « tous les éléments des violences volontaires sont là. » il a été entendu.
Comparaissant libre après une période de détention provisoire, Antoinette O. est néanmoins retournée en prison hier soir.
Sud-Ouest 14/02/2013 – Quatre ans fermes pour la tireuse qui s’était trompée de cible
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