Un cenonnais de 32 ans sera fixé sur son sort ce soir. Il est accusé d’avoir voulu enlever une collégienne au Bouscat.
«J’ai eu assez peur », résume sobrement la désormais lycéenne à la barre de la cour d’assises de la gironde. Le 23 juin 2010, dernier jour de classe avant les grandes vacances, la jeune fille sort du collège Ausone au Bouscat.
C’est un mercredi. Il est midi. Elle emprunte un itinéraire familier. À quelques rues de l’établissement scolaire, elle voit une voiture, portière ouverte. Un homme, tête dans l’habitacle, lui dit bonjour. Il s’agit de Sébastien B, cenonnais de 22 ans, jugé depuis hier pour tentative d’enlèvement de mineur de 15 ans.
Incarcéré depuis plus de deux ans, il nie toute arrière-pensée dans cette rencontre. Ce jour-là, la collégienne répond machinalement et passe son chemin. La voiture démarre et se porte à sa hauteur. Le conducteur lui demande où elle se rend, propose de la raccompagner. Elle refuse et presse le pas. Le véhicule la dépasse, fait demi-tour, revient vers elle. L’automobiliste est plus insistant et essuie un nouveau refus.
Cœur battant la chamade, l’adolescente décide alors de couper par le Parc Godard. Le jeune homme la rejoint sur le chemin, demande à nouveau à la raccompagner. Cette fois, elle lui demande de la laisser tranquille.
À la barre, l’adolescente le dit et le redit. C’est imprimé en elle. Elle revoit un couteau face à elle, elle entend encore cette phrase « maintenant, tu vas me suivre » résonner dans sa tête. « J’ai crié, j’ai couru vers des gens qui jardinaient et je me suis jetée sur un portail pour qu’on m’ouvre. »
Sébastien B sera interpellé moins d’une demi-heure plus tard. « je n’ai pas tout de suite réalisé, j’ai mis quelques semaines », souffle la jeune fille, épaulée par Me Philippe Péjoine. « Je suis devenue méchante avec mon entourage, je pensais que tout le monde me voulait du mal. »
« Nous sommes tous conscients de l’angoisse qui vous a submergée », assure et rassure le président Michel Regaldo Saint-Blancard. Mais la cour et les jurés doivent faire le tri entre les peurs fantasmées d’une adolescente, les hypothèses les plus alarmantes et les certitudes. D’autant qu’en face, l’accusé, défendu par Mes Julien Plouton et Servan Kerdoncuff, fait la description d’un malheureux quiproquo.
Ambigu, il dit pourtant « tout et autre chose », multiplie les versions et les incohérences avec une assurance désarmante. Il n’a rien fait de mal mais a voulu s’excuser d’un « comportement bizarre ». Il n’a jamais voulu l’enlever ni lui faire de mal mais… « j’étais dans un deuxième état, ça n’allait pas, je n’étais pas bien, je m’étais disputé avec ma copine. J’ai eu un flash, une ressemblance avec mon ancienne copine, une attirance. ».
Des propos qui n’éclairent pas les juges. « vos arguties nous mènent dans un cul-de-sac », estime le président. Le verdict est attendu ce soir.
Sud-Ouest 14/12/2012: Le bouscat (33) : il avait tenté d’enlever une collégienne
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