Certains procédaient aux repérages sur les chantiers, d’autres volaient pour « se faire de l’argent facile » et, in fine, les engins étaient revendus en hollande pour rejoindre ensuite les pays de l’est et l’afrique. Entre 2006 et 2007, plus d’une cinquantaine de bulldozers, tractopelles, chariots élévateurs, etc. Ont soudainement disparu sur les chantiers du grand sud. Principalement dans l’hérault, la haute-garonne, le tarn, le lot mais aussi le lot-et-garonne et la dordogne. Dans la région, les voleurs ont notamment sévi à eyzerac et clairac. Selon l’instruction du dossier, confié à la juridiction interrégionale spécialisée (jirs) de bordeaux, michel d, gérant d’une société de transport à montpellier, serait l’instigateur de ces vols dont il avait confié l’organisation à l’une de ses connaissances, jean-louis r. Ce dernier, défendu par maître benoit ducos ader est souvent désigné dans la procédure comme son « bras droit ».
Il aurait ainsi recruté deux équipes chargées de sillonner la campagne à la recherche d’engins de chantier. 522 000 euros de gains les voleurs étaient escortés et confiaient le matériel à un autre homme qui assurait la partie mécanique. Les plaques et numéros de série étaient refrappés avant que les engins prennent la direction de l’espagne, chez serge k qui percevait 8 000 euros pour chacun d’entre eux entreposé dans sa société. Mais il lui serait aussi arrivé de commanditer des vols et là, il touchait le prix de vente de l’engin et reversait la moitié aux voleurs. Sur une année, ce trafic lui aurait personnellement rapporté 522 000 euros, utilisés en partie pour le rachat de camions d’occasion exportés au togo. Serge k, défendu par maître julien plouton, revendait les machines en hollande à la société becx trading, qui se faisait payer en espèces. Les gendarmes étaient sur les traces du gang depuis longtemps.
Des rapprochements ont été faits entre les vols commis dans la région de montpellier et celle d’albi. Compte tenu de l’ampleur de l’affaire et des investigations à mener, la jirs de bordeaux a centralisé les informations. Une oeuvre de réinsertion hier, à la barre du tribunal, michel d et jean-louis r ont tenté de minimiser leur rôle et se sont « réconciliés » après avoir été un temps brouillés en raison des démêlés judiciaires liés à cette affaire. Le président denis couhé, très méthodique, a interrogé les prévenus avant de reprendre un à un chaque vol pour remonter jusqu’aux donneurs d’ordres. « c’est effectivement difficile de se rendre à l’anpe pour recruter un conducteur chargé d’acheminer, de nuit, des engins volés », a ironisé le président couhé quand michel d a expliqué avoir « oeuvré pour faire de la réinsertion ». « dans ce cas, c’est la qualité de la réinsertion qui peut poser problème », a soupiré le président qui affirmera un peu plus tard « avoir rarement vu un voleur donner une facture à un receleur ». Quant aux voleurs, leur mémoire vacille. Le temps est passé et la plupart ont du mal à se souvenir du nombre d’engins volés. Le tribunal se charge, jusqu’à vendredi, de la leur rafraîchir.
Sud-Ouest: Le gang des voleurs d’engins de chantier
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