Affaire Claudine B. : Intervention en défense pour un double empoisonnement devant la Cour d'assises de la Gironde
- Julien Plouton - Avocat à la Cour
- 8 juil.
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : il y a 4 jours

Du 2 au 4 juillet 2025, la cour d’assises de la Gironde a jugé Claudine B., 80 ans, pour des faits remontant à 2011 : deux empoisonnements présumés, au moyen d’un pesticide interdit, sur sa nièce d’adoption, Agnès L.
Une affaire au long cours, entre faits divers et roman judiciaire
Les faits ont eu lieu il y a quatorze ans. Deux arrêts cardiaques à quelques jours d’intervalle, une même patiente, une même personne présente lors des deux épisodes : Claudine B. Très vite, les soupçons se sont dirigés vers notre client, octogénaire aujourd’hui, ancienne logeuse de la victime, présentée comme une proche de la famille.
Dans cette affaire, la presse s’est largement fait l’écho des tensions et des zones d’ombre (ELLE, 3 juillet 2025, Sud Ouest, 4 juillet 2025, France 3, 5 juillet 2025). Le scénario prêtait à un traitement sensationnaliste : une femme âgée, au passé judiciaire lourd, suspectée d'avoir voulu tuer pour hériter de contrats d’assurance-vie souscrits frauduleusement. L’affaire a ému, interpellé, et inévitablement marqué les esprits.
La réclusion criminelle a perpétuité encourue, une condamnation à 15 ans de prison 14 ans après les faits
Malgré la mémoire des faits et l’émotion qu’ils suscitent, la justice ne saurait se prononcer sur la base d’un fantasme. Or, dans ce dossier, aucun résiduel d'aldicarbe – la substance incriminée – n'a jamais été retrouvé chez Claudine B., ni au domicile de Bordeaux, ni dans la maison de campagne de Cézac. Me Andéol Brachanet, avocat au cabinet Plouton, a tenté de pointer les "imperfections de l’enquête", affirmant que "toutes les hypothèses n’ont pas été envisagées, toutes les portes n’ont pas été ouvertes". Me Julien Plouton a mis en garde contre le risque d'une "erreur judiciaire" si sa cliente était condamnée sur la base d'une "instruction basée sur des faisceaux d'indices et non des preuves" alors qu'aucune preuve directe de l'administration du poison n'a été établie (Sud Ouest, 1er juillet 2025).
La cour a rendu un verdict de culpabilité et condamné notre cliente à quinze ans de réclusion criminelle. Claudine B encourait la réclusion criminelle a perpétuité. Nous avons cependant interjeté appel de cette décision, avec pour ambition de permettre une relecture rigoureuse des faits, à la lumière du droit, dans le respect des garanties de la défense (voir notre page d’expertise sur les procès criminels). « C’est une peine lourde et dépourvue d’humanité, dont nous ne comprenons pas le sens », a regretté Me Julien Plouton à l’issue du verdict (Sud-Ouest).Et d'ajouter: "Accepter cette condamnation et la durée de la peine, ce serait accepter que l'on puisse figer à jamais une femme dans l'acte dont elle est accusée", explique Me Julien Plouton (France 3, 5 juillet 2025)
Le dossier est donc resté dans le registre de l'étude comportementale, des recoupements d’indice, et des hypothèses. Or, notre système pénal repose sur la présomption d'innocence et la preuve certaine. La mécanique de l’empoisonnement, dans cette affaire, n’a pas été formellement reconstituée.

La ligne de défense du cabinet Plouton : rigueur, humanité et esprit critique
Notre cabinet a adopté une posture responsable, en s’efforçant de ne pas alimenter le mythe de "la mamie empoisonneuse", aussi fascinant soit-il pour les médias. Claudine B. a un passé judicaire– c’est un fait. Mais ce passif pénal, ne saurait faire la preuve d'une intention criminelle.
Tout au long de l’audience, nous avons rappelé les principes fondamentaux du droit pénal : l'individualisation des peines, la proportionnalité, et surtout l'exigence de preuves. Ce qui est en jeu ici, c’est la liberté d’une femme âgée, dont la fin de vie pourrait se jouer entre quatre murs, sur la base de déductions.
Nous avons dénoncé la tentation d’une justice narrative, qui reconstruit des mobiles, met en scène des personnages, mais s'éloigne parfois de la rigueur probatoire attendue (voir article France 3). Me Julien Plouton a notamment décrit le dossier comme "pollué par le fantasme de l’empoisonneuse alimenté par les médias" (Sud-Ouest).
Et maintenant ?
L’affaire se poursuivra devant la cour d’assises d’appel. Une nouvelle occasion de faire entendre une parole nuancée, d’éviter une possible erreur judiciaire, et de redonner à cette affaire la densité humaine qu’elle mérite.
En tant qu’avocats pénalistes, notre mission est double : protéger les droits de nos clients, même les plus impopulaires, et veiller à la bonne application du droit, y compris face à la pression médiatique.
Cette affaire s’inscrit parmi les nombreux dossiers que nous avons défendus devant les juridictions criminelles à Bordeaux (voir nos autres affaires).
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