Erreur judiciaire : 95 000 euros d'indemnisation après trois ans de détention provisoire abusive
- Cabinet Plouton

- 22 sept. 2012
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 2 sept.
L'affaire de Séri Grégoire Koré illustre de manière saisissante les dérives possibles de notre système judiciaire et l'importance cruciale d'une défense pénale rigoureuse. Hier, la juridiction du premier président de la cour d'appel de Bordeaux a rendu sa décision : ce sexagénaire de 60 ans percevra près de 95 000 euros d'indemnisation pour une incarcération subie du 17 juillet 2009 au 22 septembre 2012.
Cette somme, bien qu'inférieure aux 200 000 euros réclamés par notre confrère Me Julien Plouton, constitue une reconnaissance officielle d'une erreur judiciaire aux conséquences dramatiques. Notre Cabinet Plouton, spécialisé en défense pénale, accompagne régulièrement des clients confrontés à de telles situations et mesure l'importance de ces décisions pour les victimes d'erreurs judiciaires.
Une détention provisoire exceptionnellement longue
Trois ans, deux mois et cinq jours de détention provisoire. « C'est exceptionnellement long et cela était injustifié », rappelle Me Julien Plouton, qui a demandé réparation à l'État pour son client au mois de janvier dernier. Cette durée dépasse largement les standards habituels et soulève des questions fondamentales sur l'utilisation de cette mesure privative de liberté.
Séri Grégoire Koré était accusé du viol d'une jeune femme, survenu le 14 septembre 2008 à Bègles. Dans le cadre de la procédure pénale, il avait été placé en détention provisoire, une mesure qui devrait rester exceptionnelle et proportionnée à la gravité des faits reprochés.
L'enquête et les preuves ADN en question
Ce sont des analyses d'ADN prélevé sur les vêtements de la victime qui avaient conduit les enquêteurs à Séri Grégoire Koré. Tout en reconnaissant avoir rencontré la jeune femme ce soir-là, ce qui avait pu occasionner un transfert d'ADN, ce dernier avait cependant toujours clamé son innocence.
La complexité de cette affaire réside dans le fait que la victime n'a d'ailleurs jamais affirmé que Séri Grégoire Koré était l'un des deux hommes, plutôt jeunes, qui l'avaient violée. La nuit des faits, elle avait eu un « trou noir » entre le moment où elle avait quitté une discothèque du centre de Bordeaux pour rejoindre le quai de Paludate et le moment où elle était montée à bord d'une voiture avec deux hommes qui devaient la raccompagner chez elle, à Bordeaux, mais l'avaient emmenée à Bègles pour abuser d'elle. Cette situation illustre la fragilité de certaines preuves et l'importance d'une analyse rigoureuse des éléments à charge, particulièrement lorsque la liberté d'une personne est en jeu.
Un acquittement après trois années d'incarcération
Séri Grégoire Koré a toujours nié les faits qui lui étaient reprochés. Condamné le 1er juillet 2011 à douze ans de réclusion par la cour d'assises de la Gironde, il a été acquitté le 22 septembre 2012 en appel en Dordogne. Cette décision d'acquittement, intervenue après plus de trois années d'incarcération, marque la fin d'un calvaire judiciaire mais le début d'une longue reconstruction.
L'acquittement en appel démontre que les premiers juges avaient commis une erreur d'appréciation. Cette situation souligne l'importance du double degré de juridiction et le rôle crucial des avocats dans la défense des droits de leurs clients.
Les préjudices considérables subis
Mais l'homme a tout perdu dans cette histoire. Sa compagne de l'époque, ses enfants qui ont coupé tout lien, son travail, son logement. Les conséquences d'une erreur judiciaire dépassent largement le cadre de l'incarcération elle-même et touchent tous les aspects de la vie personnelle et professionnelle.
« À tel point que, le soir de son acquittement, il a été contraint de solliciter du directeur de la maison d'arrêt de Périgueux, où il était détenu le temps de son procès, une autorisation exceptionnelle pour y dormir une nuit supplémentaire, alors même qu'il était enfin libre, n'ayant aucun endroit où aller ni personne pour l'accueillir », révélait son avocat fin janvier.
Cette anecdote tragique illustre l'isolement total dans lequel se retrouvent les victimes d'erreurs judiciaires, privées non seulement de leur liberté mais également de leurs liens sociaux et familiaux.
Une indemnisation de 95 000 euros accordée
« Cette mesure de privation de liberté a eu un retentissement certain sur sa personne, il en a gardé des traces indélébiles, plaide Me Julien Plouton. Il est abattu physiquement et psychologiquement et a subi un important préjudice moral qui devait être réparé ». Pour son client, le conseil avait demandé quelque 200 000 euros d'indemnisation.
« La recevabilité de la demande n'est pas discutée, ni discutable », écrit le juge dans sa décision. Rejetant le principe d'une expertise psychologique, il prend en compte pour allouer près de 95 000 euros « l'âge de l'intéressé, la perte de ses liens familiaux, sa compagne ayant décidé de cesser toute relation avec lui du fait de la durée de l'incarcération et n'ayant pas l'intention de reprendre une vie commune avec lui, l'aggravation d'un état dépressif préexistant, la durée particulièrement longue de la détention et l'absence d'antécédent judiciaire ». Cette décision reconnaît officiellement les préjudices subis et constitue un premier pas vers la réparation, même si aucune somme ne peut véritablement compenser les années perdues et les souffrances endurées.
L'importance de la défense pénale dans ces situations
Cette affaire souligne l'importance cruciale d'une défense pénale compétente et persévérante. Notre Cabinet Plouton comprend les enjeux considérables de ces procédures et l'impact qu'elles peuvent avoir sur la vie de nos clients. Nous nous engageons à défendre avec acharnement les droits de chaque personne qui nous fait confiance.
Séri Grégoire Koré est aujourd'hui suivi par une plateforme d'accueil des personnes en errance. Cette indemnisation devrait être pour lui l'occasion de prendre un nouveau départ, même si les cicatrices de cette erreur judiciaire resteront à vie.
Si vous ou un proche êtes confrontés à une situation similaire, n'hésitez pas à prendre rendez-vous avec notre équipe. Notre Cabinet dispose de l'expérience et de la détermination nécessaires pour vous accompagner dans ces moments difficiles et défendre vos droits avec la rigueur qu'ils méritent.





Commentaires