Affaire Claudine B - Maître Julien Plouton dans « L’Heure du Crime » (RTL) : les clés de la défense
- Cabinet Plouton
- 27 août
- 3 min de lecture
Le 2 juillet 2025, Maître Julien Plouton, avocat de Claudine B était l’invité de l’émission « L’Heure du Crime » animée par Jean-Alphonse Richard sur RTL. L’échange portait sur le dossier Claudine B récemment jugée par la cour d’assises de la Gironde. La décision du 4 juillet 2025 — 15 ans de réclusion criminelle — n’est pas définitive : un appel est en cours.
Connu pour confronter témoignages, experts, journalistes et avocats autour de dossiers sensibles, l'émission L’Heure du Crime (RTL) a accueilli Maître Plouton afin qu'il puisse rappeler la défense de Claudine B.
Primauté de la preuve & « demi-preuves » contestées
Au micro de L’Heure du Crime, Maître Plouton, avocat pénaliste à Cour d'appel de Bordeaux, pose d’emblée son cadre : le droit pénal exige des preuves et non un récit. Me Plouton rappelle que l’on ne part pas d’un mobile supposé pour remonter au crime ; on doit d’abord établir le crime.
« Je rappelle simplement qu’un mobile ne fait pas un crime et qu’en l’occurrence il faut d’abord prouver l’existence d’un crime avant de s’interroger sur le mobile. Dans ce dossier, on a construit la procédure à l’inverse. »
Dans cette logique, il critique une construction probatoire insuffisante et des actes d’enquête à compléter, en pointant notamment l’absence d’analyse toxicologique pour le premier épisode et l’indétermination du mode d’administration.
« J’ai le sentiment qu’on a condamné sur des demi-preuves — et ça, c’est une problématique importante : en matière criminelle, on ne condamne pas sur des demi-preuves mais sur des preuves objectives et indiscutables. »« À l’ouverture de ce procès, j’ai demandé à la cour d’assises de la Gironde qu’elle veuille bien ordonner un supplément d’information […] recherche des causes de la mort, autopsie, analyses… Ce n’est pas dans la procédure qui concerne Claudine B… je considère que la défense a été privée potentiellement d’éléments à décharge. »« On parle de deux empoisonnements… Sur le premier il n’y a pas d’analyse toxicologique, il n’y a rien… on la condamne sur des éléments qui ne sont pas objectifs, pas de preuves déterminantes, et… le chef d’enquête… a été dans l’incapacité de décrire le mode d’administration de ce poison. »
Enfin, il signale une piste négligée : le rôle possible de la fille de l’accusée dans la mécanique des assurances.
« On va avoir Agnès qui parle à l’une de ses amies… et qui fait état de ses soupçons à l’égard de la fille de Claudine B… c’est cette dernière qui a imprimé et lui a fait souscrire ces contrats d’assurance-vie. Et ça, ça va être complètement passé sous silence et occulté de l’acte d’accusation… »
Temporalité, équité procédurale & vérifications manquantes
Second pilier érigé par Maître Plouton : l’équité de la procédure, fragilisée par un délai exceptionnel et par des éléments médicaux non versés au dossier, selon la défense.
« Ça, en ce qui me concerne, je dirais que c’est quasiment un scandale… Juger près de deux décennies plus tard une femme pour un crime dont elle est accusée, c’est prendre le risque de condamner quelqu’un qui n’existe plus… Je trouve ça terrifiant et absolument inacceptable du point de vue du droit, de la loi et de la procédure. »
Maître Plouton a aussi insisté sur le fait que certaines vérifications médicales ont été faites, sans corroborer les soupçons, mais non versées à la procédure ; d’autres investigations (téléphonie) n’auraient pas été menées.
« Il y a eu manifestement des vérifications d’ordre médical qui ont été effectuées qui n’ont jamais corroboré les soupçons… mais ces éléments lâ n’ont pas été versés dans la procédure… C’est la raison pour laquelle nous avons demandé à ce qu’ils soient communiqués. »« On n’a pas fait la téléphonie de sa fille… »
En conclusion de cette articulation, Maître Plouton réclame un complément d’information et met en garde contre une lecture « fermée » du dossier, au détriment d’éléments à décharge potentiels.
« On imagine évidemment que s’il y avait eu des éléments particulièrement gênants, ils lui auraient été opposés. Donc je considère que la défense a été privée potentiellement d’éléments à décharge. »
Réécouter l’émission
L’intervention de Maître Plouton est disponible au replay sur le site et l’application RTL (émission « L’Heure du Crime » – début juillet 2025). Cliquez sur l'image pour accèder à l'interview.
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