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LOCAM – Nullité du contrat de location financière d’un photocopieur

  • Photo du rédacteur: Julien Plouton - Avocat à la Cour
    Julien Plouton - Avocat à la Cour
  • 12 janv. 2022
  • 3 min de lecture

Dernière mise à jour : il y a 1 jour

Nullité d’un contrat de location financière de photocopieur : une décision marquante à Bordeaux


Le 21 octobre 2021, le Tribunal judiciaire de Bordeaux (5e chambre civile, RG n° 19/00662) a donné raison à notre cliente, Madame A., en prononçant la nullité du contrat de maintenance d’un photocopieur et la résolution du contrat de location financière souscrit auprès de LOCAM. Cette décision s’inscrit dans une série de dossiers que le Cabinet Julien Plouton mène contre un réseau de vente et de maintenance de matériels de reprographie ayant démarché, entre 2015 et 2019, de très petites entreprises dans le Sud‑Ouest.


Une promesse séduisante, un engagement dissimulé

Lorsque le commercial frappe à la porte de Madame A., l’offre paraît imbattable : un photocopieur livré et entretenu, un coût annoncé « autour de 5 euros par mois » pendant deux ans, la promesse d’une participation commerciale censée couvrir les premières échéances de la location, et la perspective d’un renouvellement seulement « en cas de satisfaction ». L’argumentaire est fluide, convaincant, et laisse penser à un engagement court, simple, sans mauvaise surprise.

Deux ans plus tard, la réalité rattrape les promesses : l’engagement ne s’arrête pas. Madame A. découvre que la durée réelle s’étire sur six ans. Ce qui avait été présenté comme une solution légère devient une contrainte lourde, aux coûts bien supérieurs à ce qui avait été compris au moment de la signature. C’est à ce moment‑là qu’elle nous confie la défense de ses intérêts.


Le droit appliqué aux faits

Le cœur du dossier tient en quelques principes simples. D’abord, bien que Madame A. soit professionnelle indépendante, le contrat de fourniture et de maintenance d’un photocopieur est étranger à l’objet principal de son activité. Le Tribunal retient donc l’application des règles protectrices du Code de la consommation relatives au démarchage, par renvoi notamment à l’article L. 121‑16‑1. Or, le contrat qui lui a été présenté ne mentionnait ni droit de rétractation, ni formulaire permettant d’exercer ce droit — des informations pourtant obligatoires.


Ensuite, la signature est intervenue dans un contexte d’information trompeuse : on a fait croire à Madame A. que l’engagement était limité à deux ans, pour un coût global minime, alors que la réalité contractuelle étalait l’obligation sur six ans. Cette discordance entre le discours et l’écrit a nourri l’argumentaire du Cabinet, au titre du dol.

Enfin, la chaîne contractuelle importait : le contrat de maintenance et le contrat de location financière étaient interdépendants. En droit, l’article 1186 du Code civil prévoit que la disparition du contrat principal peut entraîner la chute de l’opération qui en dépend. C’est précisément ce qu’a jugé le Tribunal.

La décision : protection et cohérence

Dans son jugement, la juridiction constate l’applicabilité des règles de démarchage à la situation de Madame A., puis souligne une défaillance majeure d’information : « le contrat de fourniture et maintenance litigieux ne comporte aucune mention relative au droit de rétractation et aucun formulaire afin de faire exercice de ce droit ». La sanction découle logiquement du texte : nullité du contrat de maintenance.


Par effet d’interdépendance, et sur le fondement de l’article 1186 du Code civil, le Tribunal prononce la résolution du contrat de location financière conclu avec LOCAM. Autrement dit : la pièce maîtresse de l’opération tombant, le financement qui l’accompagnait tombe avec elle.

Ce qu’il faut retenir


Cette affaire rappelle qu’une TPE ou un professionnel individuel peut bénéficier des protections consuméristes lorsque le contrat signé, issu d’un démarchage, est étranger à son activité principale. Elle rappelle aussi que le devoir d’information n’est pas une formalité : l’absence de droit de rétractation et de son formulaire dans un contrat de démarchage n’est pas une irrégularité anodine, mais un vice entraînant la nullité. Enfin, elle confirme qu’en présence de contrats liés, la chute du principal peut emporter celle du financement.


Pour une expertise pragmatique en droit des contrats (démarchage, location financière, dol, interdépendance), le Cabinet Julien Plouton vous accompagne : audit des documents, stratégie contentieuse et voies de sortie.

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