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Surpopulation carcérale à la maison d’arrêt de Gradignan : quel sens donner à la peine ?

  • Photo du rédacteur: Julien Plouton - Avocat à la Cour
    Julien Plouton - Avocat à la Cour
  • 19 juin 2023
  • 3 min de lecture

Dernière mise à jour : 3 sept.

La maison d’arrêt de Gradignan, en Gironde, est devenue au fil des années le symbole des difficultés de notre système carcéral. Surpopulation record, conditions de détention dégradées, manque de moyens pour le personnel : autant de problématiques qui interrogent sur la finalité de la peine et sur l’avenir de notre politique pénale.


Notre Cabinet, engagé de longue date dans la défense pénale et la protection des droits fondamentaux, a récemment été sollicité par Le Figaro pour apporter un éclairage juridique et humain sur cette situation préoccupante.


Une surpopulation record et des conditions indignes


Avec un taux d’occupation de 235 % dans le quartier des hommes, la maison d’arrêt de Gradignan est l’une des prisons les plus surpeuplées de France. Concrètement, cela signifie que trois détenus partagent souvent une cellule conçue pour une seule personne.

Les conséquences sont directes :

  • promiscuité extrême, génératrice de tensions et de violences,

  • dégradation rapide des infrastructures déjà vétustes,

  • épuisement du personnel pénitentiaire, confronté à des conditions de travail difficiles et à des agressions répétées,

  • atteintes graves à la dignité humaine, relevées à plusieurs reprises par les instances de contrôle.


Face à cette situation, la bâtonnière de Bordeaux, Maître Christine Maze, n’a pas hésité à se rendre sur place pour constater la réalité et alerter publiquement le ministère de la Justice.


Le recours massif à la détention provisoire : un facteur aggravant

Un chiffre interpelle particulièrement : plus de 70 % des personnes incarcérées à Gradignan sont en détention provisoire. Autrement dit, il s’agit de personnes qui n’ont pas encore été jugées et qui demeurent juridiquement présumées innocentes.

Or, la détention provisoire devrait rester une mesure exceptionnelle, strictement encadrée par le Code de procédure pénale. En théorie, d’autres dispositifs existent pour garantir le bon déroulement de la procédure, tels que :



Pourtant, dans les faits, la détention provisoire tend à devenir la règle. Ce recours systématique dénature le rôle du juge des libertés et de la détention, dont la mission devrait être de trouver un équilibre entre les droits fondamentaux du justiciable et la protection de la société.


Quand la prison perd son sens

En privilégiant une politique du « tout carcéral », notre système judiciaire s’expose à un double risque :

  • Aggraver la surpopulation dans des établissements déjà saturés,

  • Favoriser la récidive, car des peines exécutées dans des conditions indignes nourrissent un profond sentiment d’injustice et compromettent toute démarche de réinsertion.


Comme nous l’avons rappelé, une peine ne doit pas seulement punir. Elle doit aussi protéger la société, réparer le préjudice et permettre au condamné de se réinsérer. Lorsqu’elle se déroule dans un cadre de violence et de déshumanisation, elle perd de son sens et échoue à prévenir la récidive.


Quelle réponse face à l’impasse carcérale ?

La mise en place de la politique du « stop-écrou » en mai 2023 — consistant à limiter les incarcérations pour désengorger les cellules — illustre l’ampleur du problème. Cette mesure d’urgence, bien que nécessaire, ne saurait constituer une solution durable.


Il est essentiel de repenser en profondeur la philosophie de la peine et de renforcer l’usage des mesures alternatives, déjà prévues par la loi, mais encore trop peu appliquées.

Notre Cabinet est convaincu qu’un recours plus systématique aux alternatives à la détention constitue le moyen le plus sûr de lutter contre la surpopulation carcérale et de restaurer la confiance des citoyens dans la justice.


Notre engagement

En tant qu’avocats en droit pénal, nous défendons quotidiennement les droits des personnes mises en examen comme ceux des victimes d’infractions. Notre rôle est de rappeler que la justice n’est pas seulement répressive : elle doit être humaine, équilibrée et respectueuse des droits fondamentaux.

Si vous êtes confronté à une procédure pénale, à une garde à vue ou à une mesure de détention provisoire, nous vous accompagnons pour défendre vos droits et envisager les solutions adaptées.



Pour aller plus loin :



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