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D'une mise en examen criminelle pour « tentative de meurtre » a une condamnation pour le délit de « violences aggravées » : une défense méthodique validée

  • Photo du rédacteur: Cabinet Plouton
    Cabinet Plouton
  • 11 sept.
  • 4 min de lecture

Dernière mise à jour : 16 sept.

Bordeaux, 5ᵉ chambre, 21 août 2025


Résumé de l’affaire. Un dossier d’information judiciaire a été ouvert sur la qualification criminelle de tentative de meurtre aggravée après une rixe opposant 2 individus à un troisième homme, filmée en partie par vidéoprotection. Notre client, filmé en train de faire usage d'une arme blanche (de type machette) sur la victime est mis en examen pour tentative de meurtre. Il contestait initialement sa participation et avoir fait usage d'une arme. Notre travail a consisté à l’accompagner tout au long de l’instruction, à objectiver les charges, à faire évoluer ses déclarations vers la reconnaissance de la matérialité de certains faits, tout en contestant l’intention criminelle.


Contexte factuel. Le 27 mai 2024, aux abords du foyer ADOMA (rue Poyenne, Bordeaux), une altercation oppose trois hommes. Les images capturent des coups portés avec une machette, un homme ensanglanté et la présence d’un enfant de 5 ans assistant à la scène.


À l’issue de l’instruction, notre argumentation a été validée par le juge d’instruction : requalification en violences volontaires aggravées (arme, en réunion) et renvoi devant le tribunal correctionnel. À l’audience du 21 août 2025 (5ᵉ chambre correctionnelle, 14 h), le tribunal a prononcé à l’encontre de notre client une peine de 3 ans d’emprisonnement dont 1 an avec sursis (son frère, absent, a été condamné à 3 ans ferme avec mandat d’arrêt).

Chronologie de la défense (vue rapide)

27/05/2024 — Les faits. Rixe devant le foyer ADOMA (rue Poyenne, Bordeaux). Des images partielles de vidéoprotection montrent notre client vêtu d'un pantalon noir et d'un T Shirt rouge et blanc faisant usage d’une machette sur un autre homme porteur d'un survêtement bleu, un enfant assiste à la scène.

13/06/2024 — Mise en examen. Instruction ouverte : auditions, analyses vidéo, éléments médico‑légaux. Notre client évolue vers la reconnaissance de la matérialité des coups de machette.

06/05/2025 — Ordonnance de requalification et de renvoi devant le Tribunal correctionnel. Le magistrat instructeur ordonne la requalification des faits en violences aggravées, retenant l’absence d’intention homicide.


21/08/2025 — Audience devant le Tribunal correctionnel de Bordeaux (5ᵉ chambre, 14 h). Plaidoirie : contexte, dynamique de rixe, gestes retenus, rôle du frère, personnalité de la victime, personnalité du prévenu. La décision : trois ans d’emprisonnement dont un an avec sursis pour notre client ; trois ans ferme avec mandat d’arrêt pour le frère.

Les enjeux pénaux initiaux

Au stade de l’ouverture de l’information, la procédure visait la tentative de meurtre : une infraction criminelle lourde. La distinction était donc déterminante entre intention de tuer et violences (même graves) sans intention homicide.

Notre méthode pendant l’information judiciaire

  1. Accompagner et clarifier : Dès l’ouverture, nous avons travaillé le lien avocat–client : expliquer les charges et les risques, sortir du déni, installer une parole responsable.

  2. Relire objectivement les preuves : Nous avons recomposé la séquence grâce aux pièces : 15 premières secondes non filmées, sac ACTION contenant des courses (et non une arme), couteau Opinel côté partie civile, arrivée décalée du frère. Côté médico‑légal : plaies superficielles, gestes retenus, zones non vitales, ITT 30 jours.

  3. Qualifier justement : À partir de ces éléments, nous avons construit l’argument d’absence d’intention homicide et sollicité une lecture délictuelle (violences aggravées). Cette analyse sera validée par la suite.

Ce que disent les pièces (vidéo & médico‑légal)

Les enregistrements sont incomplets au déclenchement : il manque la séquence initiale (~15 s). On y voit notre client avec un sac de courses (chocolatines, lait). La victime est armée d’un couteau ; le frère apparaît ensuite. Les images montrent des coups à la machette portés sans force maximale, compatibles avec des gestes retenus et une intervention en second temps.

Le certificat médical fixe l’ITT à 30 jours. Le légiste décrit des plaies superficielles, sans atteinte vitale, compatibles avec un usage peu appuyé d’un objet tranchant. Ces éléments s’accordent avec l’hypothèse d’une absence d’intention de donner la mort.


Audience du 21 août 2025 (5ᵉ chambre correctionnelle) : notre plaidoirie

Maître Plouton a su replacer le conflit initial (contentieux entre le frère et la partie civile), souligné la personnalité de cette dernière (port d’une arme blanche, antécédents judiciaires) et rappelé que notre client avait acheté des courses juste avant les faits, ce qui est incompatible avec une préparation homicide. Nous avons exposé la dynamique de rixe : notre client intervient dans un second temps, récupère l’arme et repousse avec des coups retenus. Nous avons enfin distingué les responsabilités : le frère non comparant (mandat d’arrêt) ne pouvait faire peser sur notre client l’entièreté des violences.

Décision et suites

Le tribunal a prononcé une peine de :

  • 3 ans d’emprisonnement dont 1 an avec sursis à l’égard de notre client ;

  • 3 ans ferme avec mandat d’arrêt à l’égard de son frère (absent).


Notre client ayant effectué près d'un an de détention provisoire, il est désormais éligible à un aménagement de sa peine.

Aménagements de peine (selon situation et modalités d’exécution) : DDSE, ARSE, semi‑liberté, placement extérieur, etc. À lire : L’aménagement de peine, Assignation à résidence sous surveillance électronique (ARSE) et Détention à domicile sous surveillance électronique (DDSE).

Ce qu’il faut retenir de l'intervention du cabinet Plouton

  • Une lecture froide des images ne suffit pas : l’intention se démontre juridiquement, elle ne se présume pas.

  • L’instruction est un temps utile : elle permet de requalifier des faits initialement poursuivis comme crimes.

  • Une défense structurée (accompagnement du client, analyse probatoire, médico‑légal) peut faire évoluer la qualification et rééquilibrer la réponse pénale.

  • La contextualisation complète (personnalités, antécédents, dynamique de rixe, responsabilités distinguées) oriente utilement la décision et favorise une peine adaptée.

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