Violences urbaines à Camblanes-et-Meynac

Violences urbaines: règlement de compte entre jeunes du quartier Palmer à Cenon et Camblanes-et Meynac
 
Tribunal correctionnel, 5eme chambre, 11 Juillet 2023

 

Les faits:

 
le 30 avril 2023, une vingtaine d’individus, pour la plupart originaires du quartier Palmer à Cenon, agressaient en plein milieu de la nuit, sur la commune de Camblanes-et-Meynac, quatre jeunes gens.
 
Ces derniers discutaient paisiblement à proximité de la salle des fêtes de la commune, où se déroulait une fête portugaise.
 
L’agression était intégralement filmée par les caméras de vidéosurveillance de la ville.
 
Les images, saisissantes, révélaient l’arrivé en convoi de quatre véhicules qui se stationnaient à proximité d’une petite place sur laquelle devisaient quatre garçons.
 
Une vingtaine de jeunes s’extirpaient des véhicules et se précipitaient sur les quatre garçons pour les rouer de coups.
 
L’un d’entre eux tentait de s’enfuir mais était rattrapé quelques mètres plus loin, mis au sol, puis passé à tabac.
 
Certains des agresseurs faisaient usage de marteaux et de tournevis.
 
Ce déchaînement de violence durait un peu plus d’une minute avant que les agresseurs ne prennent la fuite en regagnant les véhicules qui repartaient immédiatement.
 
Fort heureusement, malgré la violence des images de cette agression, les victimes n’étaient que très légèrement blessées.
 
Avec des ITT pénales fixées par le médecin légiste du CAUVA à 6 et 7 jours.
 
Le retentissement psychologique en revanche était particulièrement important compte-tenu de la soudaineté et de la violence de l’agression.
 

L’enquête de Gendarmerie:

 
L’enquête permettait rapidement d’identifier les agresseurs grâce aux images de vidéosurveillance qui permettaient de lire les plaques d’immatriculation des véhicules.
 
L’un d’entre eux avait par ailleurs été contrôlé par les forces de l’ordre, quelques minutes après l’agression et l’identité de ses occupants relevée.
 
L’enquête ne permettra pas en revanche de déterminer le mobile de cette agression.
 
Plusieurs pistes ont été envisagées:
 
  • règlement de compte sur fonds de vol de stupéfiants,
  • guerre de clocher sur fond de querelle amoureuse,
  • méprise s’agissant de l’identité des personnes qui devaient réellement être visées par cette expédition punitive.

 

L’audience:

 
Dans ce dossier, nous sommes intervenus en défense pour l’un des conducteurs des quatre véhicules ayant transporté les jeunes gens sur les lieux de l’agression.
 
Ce dernier soutenait ne pas avoir probablement été informé du mobile de son transport.
 
Et avoir accepté de déposer un ami et ses connaissances à une soirée.
 
La difficulté pour lui était que certains des passagers qu’il avait transporté avaient reconnu dans le cadre de leurs auditions, avoir évoqué la future agression à l’occasion du transport.
 
Par ailleurs, les images de  vidéosurveillance mettaient en évidence que notre client avait revêtu une cagoule alors qu’il sortait de son véhicule.
 
Il était en revanche resté à l’écart de l’agression et regagnait son véhicule chancelant comme s’il avait été choqué par la scène qu’il apercevait fugitivement.
 
Raison pour laquelle nous avons plaidé et obtenu sa relaxe pour les faits de violence pour lesquels il était poursuivi.
 
Il était en revanche condamné pour des faits de complicité, le tribunal ayant considéré qu’il avait transporté en connaissance de cause les futurs agresseurs.
 
La question essentielle était en réalité à celle de la peine, puisque sa complicité apparaissait effectivement difficilement contestable.
 
Les images de l’agression diffusées à de multiples reprises à l’audience ont manifestement lourdement peser dans le délibéré.
 
Nous avons tenté de rappeler que les images pouvaient parfois révéler une réalité déformée, laquelle ne devait pas occulter le fait que les violences qui avait été infligées, malgré le caractère impressionnant des actes filmés, étaient somme toute assez légères.
 
Nous avons également demandé au tribunal d’écarter de son esprit les émeutes urbaines qui venaient d’avoir lieu en France.
 
Et dont le contexte était sans rapport avec les faits à juger qui remontaient il y a plusieurs mois.
 
Même si une certaine forme de culture de virilité abusive, conduisant à une banalisation de la violence, amplifiée par les réseaux sociaux, a pu manifestement jouer un rôle dans les deux cas.
 
Nous avons enfin souligner l’absence d’antécédents judiciaires de notre client qui avait obtenu son baccalauréat et terminait en alternance son BTS.
 
Son profil ne pouvait ainsi laisser présager qu’il puisse un jour se retrouver dans une pareille affaire.
 

Le Délibéré:

 
Le tribunal a manifestement pris en compte une partie de ces éléments puisque notre client a été condamné à une peine intégralement assortie d’un sursis probatoire.
 
A la différence de ses co prévenus qui ont tous été condamné des peines de prison ferme avec pour certains des mandats de dépôt décernés à l’audience.
 
Gageons que cette condamnation, sous forme d’avertissement, aura servi de leçon à celui qui nous a confié sa défense et qui a pu ressortir libre du tribunal avec la possibilité de poursuivre son parcours et son insertion professionnelle.
 
 

 

 

 

 

 

 

 

 

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