A l’énoncé du verdict, stéphanie s a fondu en larmes. La jeune femme de 31 ans a été acquittée hier, au terme d’un procès de trois jours et de près de six heures de délibérations des jurés. Abdelkader c a lui été reconnu coupable de coups mortels sur la personne de jean-hervé l, dentiste talençais, le 12 juillet 2003, et a été condamné à dix ans de réclusion.
Les jurés n’ont donc pas suivi le ministère public, représenté par dominique hoflack qui avait notamment demandé 20 ans pour abdelkader C et qui dispose de dix jours pour faire appel.
Une certaine tension a régné à différents moments de ce procès. Entre ministère public et défense d’une part et partie civile et défense d’autre part, conduisant le président michel regaldo saint-blancart à des rappels à l’ordre.
Deux thèses se sont opposées durant ces trois jours. Pour l’avocate générale et les parties civiles, on était en présence d’auteurs d’un acte de nature crapuleuse ou homophobe. La défense pour sa part a évoqué une rencontre de hasard et a beaucoup plaidé en pointant les flous du dossier.
« je suis soulagé que la justice soit rendue pour stéphanie s », déclarait me naji medawar, un des deux avocats de la jeune femme avec dominique laplagne. « elle vient d’effectuer un an de détention provisoire. Mais elle va pouvoir engager les démarches pour retrouver ses deux enfants. »
Il avait le premier insisté, hier matin, sur les faiblesses du dossier, en rappelant qu’à l’issue de l’instruction pour homicide volontaire, le parquet avait demandé une requalification des faits en violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner. Il avait rappelé le scénario de cette journée du 12 juillet 2003 où jean-hervé l, 43 ans, a trouvé la mort. Avec la canicule, le départ pour le lac de bordeaux, beaucoup d’alcool, de médicaments, de cannabis et de disputes. En fin d’après-midi, abdelkader brise la mâchoire de sa compagne d’un coup de poing. Le temps s’écoule, il n’y a plus de bus pour repartir. Le couple accompagné du fils de stéphanie, décide de dormir sur place.
Asphyxie mécanique
Aux environs de minuit survient jean-hervé L. Abdelkader assure qu’il se masturbait devant eux. Ce qui l’a fait réagir. Son corps sera retrouvé le 15 juillet dans le lac à quelques mètres de la berge, dénudé. Autopsie et expertises diront qu’il a reçu des coups et qu’il est mort par asphyxie mécanique. Son homosexualité, son état de santé très fragile, sa nature provocatrice ont été soulignés par plusieurs témoins. L’enquête, conduite par la brigade criminelle de la sûreté départementale a été longue et délicate.
Les policiers sont mis sur la piste du couple en 2006, par un renseignement. Mais ce n’est qu’en 2010 que abdelkader C et stéphanie S ont été mis en examen. Lui a avoué avoir frappé le premier, elle l’aurait aidé. « c’est sur les seules déclarations de abdelkader C, que stéphanie S est mise en cause », a relevé me Dominique Laplagne à l’intention des jurés, « il y a dans ce dossier des éléments qui doivent vous conduire sereinement à l’acquittement. «
Un peu plus de six heures plus tard, il a été entendu. Vingt ans requis.
Au cours d’une plaidoirie qui s’est aussi conclue par une demande d’acquittement, mais avait surtout pour objet de convaincre les jurés que abdelkader c avait répondu à une provocation mais n’avait aucune intention de tuer, me julien plouton avait de son côté l’espoir d’obtenir une peine moins lourde que les vingt ans requis par l’avocate générale. Dix ans de réclusion ont été prononcés contre son client.
» Manifestement, la cour a estimé qu’il y avait bien des zones d’ombre dans ce dossier », confiait l’avocat à l’issue du verdict, « bien sûr, le parquet, comme nous, dispose de dix jours pour faire appel. Mais j’observe que les doutes sur les faits et les circonstances ont été pris en compte. »
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