Une arnaque à 15 millions d’euros

L’arnaque aurait permis de récolter 15 millions d’euros. Les aigrefins qui vendaient de la publicité dans des revues administratives comparaissent devant le tribunal

Trente-trois prévenus et pratiquement autant d’avocats, six parties civiles, des tomes de procédure qui trônent de manière imposante devant les magistrats et une audience programmée sur deux semaines. Le procès qui s’est ouvert, lundi, devant la chambre de la juridiction interrégionale spécialisée du tribunal correctionnel de Bordeaux voit comparaître une équipe d’escrocssoupçonnée d’avoir mis en place un système particulièrement lucratif reposant sur la vente d’encarts publicitaires dans des annuaires et des revues administratives ou professionnelles.

L’instigateur de cette mécanique très bien huilée serait Cyril Mouly, un Parisien de 38 ans, à la tête de la société IT Dealing. C’est lui, en tout cas, qui tirait les ficelles de cette gigantesque escroquerie, selon les investigations de la police judiciaire. Avec ses complices, il démarchait d’importantes entreprises dans la France entière pour les persuader de signer des contrats mirobolants.

La technique d’approche

SNR Roulements, dont le siège est à Annecy, en Haute-Savoie, a perdu 6,5 millions d’euros dans l’affaire. Hier, Mohamed Benomari s’est présenté à la barre pour expliquer comment il est entré en contact en 2007 avec le nouveau directeur financier de SNR, qui venait de prendre ses fonctions. Employé par la Compagnie française d’édition, ce VRP multicarte disait s’appeler Mari et a su ferrer le client en indiquant appartenir à la Direction générale des douanes, qui possède la revue « La Nuit des douanes ».

Il précise avoir agi de sa propre initiative, en consultant des fichiers auprès de la Chambre de commerce. Benomari nie avoir relancé à plusieurs reprises le directeur financier. Pourtant, ce dernier a bel et bien reçu plusieurs appels téléphoniques dont, ensuite, celui d’un certain M. Malard, se présentant comme un haut fonctionnaire détaché du Trésor public. M. Malard serait Cyril Mouly, qui aurait contacté le directeur financier en lui expliquant qu’il pouvait obtenir une ristourne après négociations avec les douanes.

Il demandait cependant de payer la totalité, soit, lors du premier ordre de publicité passé, 124 000 euros. Mais il garantissait, in fine, la remise d’avoirs équivalents correspondant au montant de la facture. Un geste commercial qui faisait partie du scénario pour amadouer les victimes.

Un joueur de casino

Et le stratagème a marché bien au-delà de ce qu’imaginait vraisemblablement Cyril Mouly, dont on a eu la confirmation lors de la première journée d’audience qu’il dépensait de grosses sommes d’argent dans les casinos du monde entier.

Albert Taieb, défendu par Me Plouton l’a raconté. Il a connu Cyril Mouly « bébé ». Après un grave accident de la circulation, il est devenu son coursier. Un homme à tout faire qui allait surtout chercher des enveloppes à la demande, mais ne se posait pas trop de questions. « Il était joueur, il jouait à tout, mais les enveloppes étaient fermées, et je ne sais pas ce qu’elles contenaient. »

Lorsque Cyril Mouly était en cavale en Israël, en 2009, il continuait de lui envoyer des mandats de la Western Union au nom de sa compagne. « Il me demandait souvent de garder l’argent quand il était en France, car il avait peur de se faire braquer », se justifie Albert Taieb.

Les débats reprennent ce mardi matin. Le tribunal devrait notamment évoquer l’escroquerie commise au préjudice de la société Compagnie des vins de Bordeaux et de la Gironde.


Sud-Ouest: 04/03/2014 – Une gigantesque escroquerie en bande organisée devant le tribunal

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