Surpopulation carcérale à la maison d’arrêt de Gradignan: Maître Plouton répond au Figaro sur le sens de la peine

Découvrez l’article du Figaro sur cette affaire

 

Sa surpopulation explosive, ses conditions indignes de détention, ses locaux vétuste, son insécurité chronique tant bien pour son personnel que pour ses détenus, font de la maison d’arrêt de Gradignan le symbole d’une politique carcérale à « bout de souffle ».

Particulièrement investie sur cette question, Madame la bâtonnière de Bordeaux, Maître Christine Maze, n’a pas hésité à se rendre elle-même au sein de la prison de Gradignan pour constater et dénoncer le taux d’occupation record de 235% du quartier homme et alerter le ministre de la Justice.

 

Ce chiffre, révélateur de la « détresse » du monde carcéral, a conduit le 14 mai dernier, la Direction Interrégionale des Services Pénitentiaires à mener une politique inédite dite du « stop écrou ». Cette mesure a été prise suite à deux agressions de membres du personnel et à la destruction d’une cellule par un détenu.

 

La situation inextricable de la maison d’arrêt de Gradignan, met crument en lumière les effets indésirables et les limites de la politique du « tout carcéral ». 

 

Un changement de pratique et pour certains, de mentalité, doit s’opérer de la part des magistrats en charge des questions relatives aux libertés et à la détention.

 

En effet, plus de 70% des détenus de Gradignan sont des prévenus en détention provisoire donc en attente d’un jugement et toujours présumés innocents.

 

Nombre d’entre eux pourraient bénéficier de mesures alternatives à la détention, qui sont prévues par la loi, sans que cela n’impacte le bon déroulement des informations judicaires.

 

Force est de constater que c’est néanmoins quasi systématiquement la détention qui est privilégiée a tel point que le contentieux des libertés et de la détention peut aujourd’hui être qualifié de pré sentenciel ce qui n’est pourtant pas sa vocation.

 

Le recours aux mesures alternatives à la détention provisoire nous parait pourtant être « le plus sûr moyen de lutter contre la surpopulation carcérale et surtout la récidive ».

 

Cette utilisation généralisée des mesures alternatives à la détention permettrait de réduire significativement la surpopulation carcérale, tout en étant en accord avec la lettre et l’esprit du code de procédure pénale, qui érige ces mesures en principe, la détention provisoire étant censée demeurer une mesure d’exception.

 

La politique pénale purement répressive conduite depuis de nombreuses années, en réaction sans doute à un discours politique ambiant irresponsable, tendant à présenter, à tort, la justice comme étant particulièrement laxiste, à ôté à la mesure d’incarcération toute dimension de réinsertion.

 

Ainsi, les peines exécutées dans l’indignité des conditions de détention, dans la promiscuité entre détenus, encadrées par un personnel pénitentiaire a bout de souffle, ne peuvent que conduire ceux qui les subissent à éprouver « un certain sentiment d’injustice », ce qui constitue le plus sur terreau de la récidive.

 

Aujourd’hui, la prison abîme plus qu’elle ne répare, elle punit plus qu’elle ne pardonne, elle déshumanise plus qu’elle ne civilise…

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