Braquage de la bijouterie Prévôt en plein coeur de Bordeaux: l’heure des débats

Les trois auteurs du braquage de la bijouterie Prévôt s’expliquent devant la cour d’assises. Mais ils disculpent leur présumé complice.

Ils sont trois à reconnaître le braquage de la bijouterie Prévôt perpétré le 12 mars 2012, rue Franklin, en plein cœur de Bordeaux. Salah B., Azzedine B. et Redouane El K. Ils ont été interpellés en flagrant délit après avoir tenté de s’enfuir par les toits.

Un casse et une arrestation rocambolesques, dont le récit a été détaillé lors du procès qui se déroule devant la cour d’assises depuis hier. Le verdict est attendu vendredi. Ces trois-là sont venus dire, hier, d’une seule et même voix, que Nabil S., le quatrième accusé à leurs côtés dans le box, n’est pas celui qui les a conduits sur les lieux du braquage depuis Artigues-près-Bordeaux. C’est là qu’ils avaient laissé deux voitures après avoir voyagé toute une nuit depuis Lyon. « Nous étions quatre, c’est vrai, mais je ne connais pas ce monsieur », dit Redouane El K. Il est défendu par le pénaliste bordelais Julien Plouton.

« Ce n’était pas lui »

« Le quatrième, ce n’était pas lui, confie Azzedine B., mais je ne dirai pas qui c’est car j’ai déjà causé avec cette affaire pas mal de problèmes à ma famille et aux personnes que j’aime. J’ai peur. » Et Salah B. de confier à son tour : « C’était vraiment pas cet homme, il est innocent […]. Vous savez, j’habite en banlieue et je crains des représailles. On a déjà eu des menaces. » Salah B. et Nabil S. sont du même quartier, à Vaulx-en-Velin.  Ils ont usé les mêmes bancs à l’école primaire, il y a longtemps. Depuis, ils se sont croisés, « comme ça mais pas plus ». Pourtant l’accusation est formelle. Elle estime que Nabil S., arrêté plus d’un an après le braquage, est bien le complice. Son empreinte papillaire a été retrouvée sur un téléphone portable. Ce dernier se trouvait à l’intérieur d’une Peugeot 206. Or, cette voiture a été utilisée par le tandem Azzedine B.- Salah B. pour venir de Lyon. Lui a toujours nié mais n’a pas pu fournir d’alibi suffisamment sérieux au juge d’instruction.

L’enquête mise en cause

Il a pourtant raconté que le 12 mars 2012 il était à Paris pour rencontrer un de ses fournisseurs. Marchand de fruits et légumes sur les marchés, il achetait sa marchandise auprès de la société Eurofood. Impossible, a conclu l’enquête, la société a été radiée et n’existe plus. Or, coup de théâtre à l’audience, l’un des défenseurs de Nabil S., est allé sur le site Infogreffe. Il produit un extrait k-bis d’Eurofood. Cette dernière n’a jamais été placée en liquidation et existe encore à ce jour. « Douze sociétés portent le même nom. Le travail qui a été fait n’est pas sérieux. » À la barre des témoins, l’enquêteur de la police judiciaire, mis en difficulté, reconnaît son erreur. Il aurait du pousser pas davantage ses investigations. « Personne n’a vérifié s’il avait rencontré un responsable sur place, à Paris. S’il y avait des gens qui auraient pu l’identifier… », tempête Philippe Screve, l’avocat lyonnais de Nabil S. « Je n’ai rien à voir avec tout ça, clame ce dernier. Je n’avais aucune relation avec eux. »

Pour rembourser une dette

Redouane El K., 23 ans, et Salah B., 23 ans, ont repéré puis organisé le braquage de la bijouterie Prévôt via Internet. « On avait aussi regardé des boutiques de prêt-à-porter. » Avec Azzedine B., ils avaient besoin d’argent pour honorer une dette d’environ 30 000 euros, après avoir embouti contre un mur une luxueuse Mercedes qu’une de leurs connaissances leur avait prêtée. « C’était pour la frime. » Elle était assurée au tiers, ils devaient rembourser.

« Mais vous avez dérobé pour près de 150 000 euros de bijoux », observe le président de la cour, Christian Lauqué. « On devait les lui donner et il nous avait dit qu’on pourrait avoir un petit billet » raconte Salah B. Son casier judiciaire compte quelques condamnations. Ce qui n’est pas le cas d’Azzedine B., bac électrotechnique avec mention et diplômé d’un BTS. « Mais qu’êtes-vous allez faire dans cette galère ? », interroge l’avocat général Yves Squercioni. « Je regrette, on s’est retrouvé dans le braquage de la bijouterie Prévôt tous les trois ensemble. Mais c’est un concours de circonstances, une sorte de suicide. » Redouane El K., assisté par Maître Julien Plouton, est un ex footballeur professionnel. il est sorti du centre de formation de l’Olympique Lyonnais. Il était ainsi promis à une belle carrière. Mais il a dénoncé son contrat en raison de l’omniprésence de son père. Lui non plus ne sait pas comment il en est arrivé là. Les débats reprennent ce matin à 9 heures.

Pour d’autres affaires de braquage traitées par le cabinet:

https://www.jplouton-avocat.fr/actualites-du-cabinet/acquittement-assises-braquage-bijouterie

 


Sud-ouest 17 juin 2014 – braquage à bordeaux : y a-t-il ou non un quatrième homme

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