Il venait de fermer boutique et n’avait que la chaussée à traverser pour regagner sa voiture. Le 9 juin 2011 vers 19 h 30, un buraliste s’était fait braquer à la sortie de son établissement, rue Ernest-Renan à Bordeaux. Alors qu’il ouvrait la portière après avoir chargé ses affaires dans le coffre, il avait vu surgir deux hommes casqués qui lui avaient intimé l’ordre de partir. L’un des braqueurs était armé. Il avait tiré en l’air à deux reprises pour faire déguerpir le buraliste.
Les deux individus avaient ensuite pris la fuite à bord de la voiture, qui contenait notamment la recette de la journée. Elle avait été retrouvée deux jours plus tard, à proximité des lieux de l’agression, et passée au peigne fin. Quelques mois plus tard, une empreinte digitale sur le pommeau de vitesse avait permis de confondre Ali H., Algérien aujourd’hui âgé de 27 ans et déjà connu des services de justice.
Le jeune homme a toujours reconnu les faits, assurant cependant qu’il n’était pas le tireur. Il avait été interpellé par les enquêteurs de la brigade de répression du banditisme de la Direction interrégionale de la police judiciaire (DIPJ) de Bordeaux. Mais le 8 décembre 2011, à peine mis en examen, redoutant une incarcération certaine, il était parvenu à s’échapper d’une cellule du palais de justice ! À force de frapper sur la porte à grands coups de pieds, il avait fait céder le loquet. Il avait été de nouveau arrêté lors d’une filature mouvementée à suspense.
Le 6 décembre 2013, le tribunal correctionnel de Bordeaux l’a condamné à trois ans de prison ferme pour vol aggravé. La même peine avait été prononcée contre Samir L., Floiracais de 25 ans, « cotrafiquant de drogue » et présenté comme le deuxième homme du braquage par l’enquête. « Alors même qu’Ali H. dédouanait Samir L. et désignait un certain Malik », s’étonne Me Julien Plouton, avocat du second. Les deux hommes ont fait appel.
Les seconds juges viennent de rendre leur décision après l’audience qui s’est tenue le 10 septembre dernier. La cour a trouvé dans le dossier des éléments lui permettant d’aggraver la sanction d’Ali H.. « Particulièrement déterminé, inscrit de longue date dans la délinquance qui constitue notamment à travers ce type de méfaits sa source de revenus, Ali H. a commis des faits particulièrement graves qui appellent une peine de quatre ans s’agissant d’un prévenu en récidive », motivent-ils dans leur arrêt, aggravant ainsi la peine du braqueur d’un an.
En revanche, constatant qu’ « aucune identification formelle de Samir L. n’a été possible » – individu méconnaissable car casqué le jour des faits, absence d’ADN dans la voiture volée, aucun contact téléphonique avec Ali H., autant d’éléments rappelés par la défense -, la cour l’a relaxé. « Il n’est pas possible de faire primer des déclarations de seconde main sur les dénégations d’Ali H. », a-t-elle justifié.
Sud-ouest 04/11/2014: la Cour durcit la peine de l’un et relaxe l’autre
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