La vigilance de Me Julien Plouton et la réactivité d’Alain R., président de la 5e chambre du tribunal correctionnel de Bordeaux, mais aussi d’une enquêtrice du commissariat de Mérignac ont permis à un jeune Marseillais de 25 ans de repartir libre de toute poursuite du palais de justice hier.
Quelques jours plus tôt, il s’est étonné de recevoir une convocation à comparaître à son nom au tribunal de Bordeaux. La convocation mentionnait le nom de Me Plouton. Le jeune homme l’a donc appelé pour s’étonner. L’avocat a alors compris que depuis plusieurs mois il défendait un client, en garde à vue d’abord, puis en détention provisoire pendant plusieurs mois, qui avait usurpé le nom de son frère.
L’avocat a immédiatement informé le président du tribunal qui a utilisé une possibilité que lui offre depuis juillet 2014 l’article 388-5 du code de procédure pénaled’entreprendre des investigations complémentaires. Celles effectuées à Marseille n’ont pas donné de résultats, mais à Paris, quatre mandats d’arrêt et deux fiches de recherche sont apparus avec le véritable nom de celui qui a envoyé son frère au tribunal à sa place hier.
Avec deux autres jeunes Marseillais, il avait été interpellé par la brigade anti-cambriolage du commissariat du Bouscat le 8 juillet 2013. En quelques heures, le trio était parvenu, par ruse, à s’emparer des cartes bancaires de trois personnes âgées de la commune.
L’interpellation n’avait pas été de tout repos. Un des individus, Moudhikir A., a tenté de prendre la fuite et n’a été maîtrisé qu’à l’issue d’une course-poursuite de plusieurs minutes. À la barre du tribunal, en personne visiblement habituée des prétoires, il a tenté de minimiser les choses. « Je n’ai pas bousculé le policier, je l’ai à peine touché en passant sous son bras. »
Présent à l’audience, le fonctionnaire de police concerné, au profil de deuxième ligne de rugby, s’est étonné. « Il n’a mis aucune force pour me bousculer ? Je ne pèse que 100 kilos… »
A. était le seul des trois individus interpellés le 8 juillet 2013 à être présent à l’audience. Comme les deux autres, il avait été placé deux jours plus tard en détention provisoire alors qu’une information judiciaire avait été ouverte par le parquet et qu’un juge d’instruction était désigné. Le trio a fait un peu plus de quatre mois de détention avant d’être remis en liberté sous contrôle judiciaire.
Moudhikir A. a respecté les obligations et s’est présenté à heure dite devant les juges devant lesquels il était poursuivi pour vol par ruse et rébellion. Il a été condamné à quatre mois de prison ferme qui couvrent son temps de détention provisoire. Le président R. lui a cependant rappelé qu’un autre dossier l’attendait à Marseille. Il a été transféré par le parquet de Bordeaux et concerne un vol par ruse de personne âgée à Mérignac, antérieur à ceux du Bouscat.
Isam A., le premier prévenu absent a été condamné à six mois de prison ferme à signifier. Quant au troisième acteur de ces infractions, le tribunal n’était pas saisi de son cas hier, puisqu’il n’apparaissait pas sous son nom. Ce qui n’est sans doute que partie remise maintenant que l’usurpation d’identité a été mise à jour.
Sud-Ouest 07/03/2015- Poursuivi au tribunal à la place de son frère
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